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190 LA REVUE LYONNAISE ploits de l'armée romaine dans les pays lointains et inconnus ? Si les desseins hardis de Drusus et de Germanicus avaient réussi, si l'Allemagne conquise était devenue une paisible province ro- maine, Tacite n'eût certainement jamais écrit son livre sur la Ger- manie. Qu'Auguste s'établisse en résidence à Lyon pendant trois ans pour mettre ordre aux affaires de la Gaule ; que Caligula gratine la ville de sa visite, et que, ne dédaignant pas de descendre de son rang impérial au rôle de commissaire-priseur, il y vende lui-même aux'enchères la garde-robe de ses sœurs et les bijoux de ses ancêtres, afin de remplir aux dépens de ses sujets gau- lois sa caisse vidée par des prodigalités extravagantes ; que Claude, son idiot successeur, y vienne au monde : de tout cela nous som - mes très exactement informés ; mais, des destinées de la ville et de ses habitants, les historiens n'ont rien à nous dire. Par hasard seulement une lettre de Sénèque, adressée à un ami né en Gaule nous apprend que, cent ans après sa fondation et sous le règne de Néron, Lyon fut la proie d'un incendie qui, en l'espace d'une seule nuit, réduisit en cendres avec ses somptueux monuments la floris- sante ville déjà à cette époque l'ornement de la Gaule : une telle catastrophe, si terrible d'après le tableau qu'en fait Sénèque, sur- venue à l'une des plus considérables villes de l'empire romain, n ' a t - tire l'attention de Tacite qu'à raison d'une libéralité impériale de quatre millions de sesterces pour la reconstruction des édifices publics. Certainement Lyon, de même que Rome, s'est relevée de ses cendres avec plus de splendeur qu'auparavant. Déjà peu d'années après, dans le fécond mouvement qui, parti de la Gaule, coûta à Néron le trône et la vie, nous la trouvons fidèle à la maison impé- riale eten lutte acharnée avecVienne, son antique rivale. Punie par le successeur de Néron de son attachement à la famille des an- ciens princes par la saisie de ses considérables revenus, Lyon, au sortir d'une année de troubles qui compta quatre règnes d'empe- reurs, a accompli sa résurrection sous la domination flavienneet est deenue, en moins d'un siècle de paisible développement, la plus grande et la plus riche ville du Nord. — Mais la chute de la dynastie des Antonins lui fut de nouveau fatale. Non loin de ses portes eut lieu la bataille décisive entre Septime Sévère et Albin.