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500              OUVRIERS DU TKMPS PASSE

dit, sur la place des Cordeliers. Au son du tocsin,
deux mille émeutiers, dont deux cents femmes, pillent les
maisons des consuls et des marchands, descendent dans
leurs caves et s'y enivrent. Le lendemain, le lieutenant du
roi se conduit avec eux comme fera Flesselles avec les
Parisiens, le 13 juillet 1789. Il leur disait gracieusement
(car alors il ne fallait pas prendre le peuple par menace,
mais par douceur) : « Messieurs, qu'est-ce que quérez ! »
Ils répondirent « qu'ils voulaient avoir du blé           » Le
lieutenant les conduisit à l'Ue-Barbe où ils s'emparèrent
du blé des religieux. La répression, organisée à la suite d'un
concert entre les trois autorités, épiscopale, communale et
royale, fut terrible; mais la « secte artisane » ne disparut
pas et nous retrouverons sa main dans les grèves de 153 9^
1571 ».
   Enfin, s'efforçant toujours de substituer l'histoire à la
légende, M. Hauser constate qu'à cette époque l'ouvrier
est placé très bas dans l'échelle sociale. Une littérature assez
rare nous renseigne sur son compte : pour les écrivains, il
n'existe pas, et déjà se répand le préjugé si tenace et qui a
tant nui à notre développement industriel aux siècles
passés, qu'il est déshonorant de travailler de ses mains.
C'est Loyseau qui écrit : « Les artisans ou gens de métiers
sont ceux qui exercent des arts méchaniques, et de fait
nous appelons communément méchanique ce qui est vil et
abject. Les artisans étant proprement méchaniques sont
réputés viles personnes. »
   Le livre de M. Hauser, tout en étant une étude générale,
présente pour nous un attrait particulier. Tout un chapitre
est consacré à l'histoire de la grève des imprimeurs de
Lyon qui dura de 1539 à la fin de 1542, et un appendice
nous donne un très substantiel résumé de l'organisation de
la grande Aumône.