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                         VICTOR SMITH                       483

«   parce qu'il y a peu de besoins à la campagne. Elles sont
«   pittoresques, imitatives, spontanées et libres, pourtant
«   variées à l'infini. Le patois dessine carrément, peint les
«   objets franchement et en relief. Il n'a pas les transitions
«   et les nuances de la langue française ; il n'a pas, comme
«   elle, des abords bienveillants, des demi-sourires et les
«   élégances de l'exorde. Il est fin pourtant, mais non
«   subtil; c'est un mélange de crudité et de finesse, de
«   rudesse et de malice.
  « Les patois, qui ont pu exister du temps de la vie isolée
« des communes mourront avec cette vie qui s'efface. Le
« français s'avance en chemin de fer, il envahira tout.
  « Philippon, vif esprit et cœur parfait, est un des der-
« niers bardes patois. Il parvint jeune à s'assurer l'existence.
« Dessinateur d'instinct, fabricant de maillons, commis,
« voilà les trois degrés que Philippon a parcourus. Des chan-
« sons, des satires et des brands, voilà ce qu'offre ce petit
« recueil d'une cinquantaine de pièces et de moins de
« cent pages.
    « Les chansons bachiques et les couplets à la Roger-
«   Bontemps ne sont pas les plus heureux enfants de la muse
«   du poète. Quelque grâce et quelques traits que l'on
«   trouve semés çà et là, quelques vers vifs et nets, ne
«   suffisent pas pour empêcher d'y trouver plus d'imitation
«   et de réminiscences que d'originalité.
    « Mais l'originalité se montre libre et victorieuse dans
«   les satires. Lotis Borlioux et Lons sans cœu révèlent un vrai
«   poète, une âme honnête et noble, en qui le bien et le
«   mal ont un profond retentissement et qui tire d'une sen-
«   sibilité sérieuse et d'une inflexible droiture de cœur, son
«   énergie et son éloquence. Son éloquence, c'est le mot.
«   Loiis sans cœu compte parmi les plus belles satires qui ont