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480 VIC'I'OK SMITH BRIZEUX « La nature peinte par Brizeux est une nature virginale... « La chasteté est la véritable épreuve de l'amour vrai ; « l'amour chanté par Brizeux est chaste ; il est vrai... « Il y a des rapports entre Mérimée et Brizeux, mais « aussi d'intimes différences ; ils sont l'un et l'autre éga- « lement sobres, mesurés, châtiés dans la forme ; mais « Brizeux a plus de grâce dans l'expression, Mérimée, plus « de netteté et plus de précision. Brizeux est plus poète, « plus rêveur, plus idéaliste ; Mérimée, observateur plus « ferme et plus exact. Le premier imagine, le second voit. « Tous deux sont également discrets dans la manière de •<'. rendre leur pensée. Toux deux savent enfermer leur « idée en quelques mots brefs, et lui donner ainsi plus de « force, de pénétration et, en quelque sorte, de durée. « On ne peut nier qu'André Chenier ait déteint sur < Brizeux. Brizeux a souvent le tour de phrase d'André - « Chénier ; souvent il cherche à raconter ses fables cham- « pêtres dans le mode d'André Chénier ; mais il est moins < éclatant que lui, moins complet, moins riche, moins har- • < monieux, je ne'parle que de la forme ; au fond, Brizeux < est plus spiritualiste, plus chrétien que le jeune poète du < siècle dernier. » Ces observations sont précédées par la phrase suivante : empruntée à Brizeux : « Il est des poètes qui ont constam- < tamment le regard tourné vers les belles choses, les « choses douces, lumineuses, comme l'héliotrope se tourne <• constamment vers la pure lumière. » Le modeste Brizeux ne.se doutait pas qu'il faisait ainsi son propre portrait.