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l6 NOUVELLE INTERPRÉTATION
Panthéon celtique et que nous savons que le Mercure gau-
lois portait le nom de Lug ou Lugu.
Ce nom, il est vrai, avait été lu, depuis longtemps déjà ,
sur deux incriptions de l'époque de la domination romaine,
découvertes, l'une en Suisse et l'autre en Espagne, mais Ã
défaut d'informations suffisantes, les érudits avaient été
réduits à ranger le dieu Lug au nombre des divinités incon-
nues (i).
Mais les légendes et les traditions mythologiques de la
vieille Irlande nous ont appris aujourd'hui que si, à la diffé-
rence du Mercure romain et de l'Hermès grec, le dieu
Lug était un dieu guerrier, il était aussi le dieu des arts,
des métiers et du commerce, et c'est, à ce titre, que, sur
les indications du druide Divitiac, César avait pu l'iden-
tifier avec le Mercure romain.
Or, de même que douze villes de l'antiquité avaient pris
le nom d'Hercule (Héraclée), et sept autres celui d'Apol-
lon, de même aussi les divers Lugdunum de la Gaule
avaient emprunté au dieu Lug le premier terme de leur
dénomination, qui signifie « forteresse de Lug. »
Quant à la différence entre le nom de Lugdunum et celui
de Lugudunum, elle est sans conséquence. Lugudunum
est la forme la plus ancienne, comme nous le dit expressé-
ment Dion Cassius (2), et Lugdunum la forme rajeunie et
moderne (3). Et, en effet, dans le même livre de la Géo-
(1) Mommsen. Inscriptiones Confederationis Helveticœ n° 161. Corpus
inscriptionum latinarum. I. ti° 2818.
(2) Iiaque illic subsistentes, Lugdunum (quod olim Lugudunum vo-
calum fuit) aedificaverunt. (Dion Cassius. Histoire romaine, XLVI. 50).
(3) D'Arbois de Jubainville. Le Cycle mythologique irlandais et la my-
thologie celtique. II. p. 138, 139, 178, 504, 381. — E. Desjardins. Géo-
graphie de la Gaule romaine. III, p. 265 et 295.