Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
              UN MARIAGE SOUS LES TROPIQUES              329

femme qui se vantait de n'avoir jamais fait qu'un amuse-
ment et une scandaleuse moquerie, des choses les plus
saintes et dont la coquetterie effrénée n'avait point res-
pecté, dans ses tentatives, le seuil même du sanctuaire !
   — Quelle corruption dans une âme si tendre ! s'écriait
Wilhelmine, restée seule avec le comte. Mais l'as-tu enten-
due, Léonard? Ab ! mon ami, si ce n'était cet enfant
qu'elle porte dans son sein, si notre devoir ne nous com-
mandait de veiller sur cette précieuse espérance, il fau-
drait, dès demain, renvoyer cette vipère à son nid hideux!
Que Dieu nous donne la force d'accomplir jusqu'au bout
ce douloureux sacrifice et qu'il nous en récompense par le
bonheur de ton petit-fils! de ton petit-fils! répétait-elle
en appuyant sur ces mots avec une indicible câlinerie, car
il lui semblait voir un petit ange blond lui sourire, et
elle passait les bras au cou du comte en le regardant avec
émotion, pendant que celui-ci souriait à son tour, heu-
reux du bonheur anticipé de sa compagne chérie.
   Cependant la surexcitation qui envahissait Herminia
s'apaisait constamment avec le sommeil, et, le lende-
main, pareille à ces somnambules qui ont ignoré ce qui
s'est passé pendant l'action magnétique, elle niait éner-
giquement les paroles qu'elle avait tenues la veille, bou-
dait et prenait de véritables rages contre elle-même quand
elle ne pouvait plus se dissimuler la vérité de ses confes-
sions. Elle mettait alors un art infini à donner un autre
tour àlapensée de sa belle-mère, à faire naître le doute dans
son esprit par d'autres confidences, étudiées cette fois,
et qui devaient, par leur bonhomie et leur sincérité appa-
rente, détruire l'effet des premières impressions.
   Mais Wilhelmine était sur ses gardes. Elle se rappelait
ce mot prononcé un soir par Herminia :
   — Quand j'y ai intérêt ou que seulement cela m'amuse,