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UGO FOSCOLO. 373 11 y eut dans la vie de Foscolo ce qui ne se trouve pas dans la vie des poètes, la lutte de sang en faveur des principes procla- -^r- més ; il honora le courage qui lui était naturel dans plusieurs combats et sous plusieurs généraux ; cette gloire avait manqué à Alfieri. On aime le poète refusant avec un généreux mépris les six mille francs que lui avaient offerts les chefs de la république cisalpine pour qu'il fît l'éloge du vainqueur de l'Italie, alors redouté et puissant. Il y avait eu de l'inquiétude ou un espoir insultant dans l'attente de la majorité. Verrait-on l'auteur d'iacopo Ortis s'abdiquer lui-même ou se livrer à de frénéti- ques et vaines déclamations? Foscolo déconcerta toutes les prévisions ; sa parole revêtit un caractère inattendu ; elle fut comme toujours indépendante et chaleureuse; mais on put y admirer une fécondité exempte d'emphase, un regard péné- trant et sévère jeté sur les choses, une équité parfaite dans tous ses jugements. Ce fut sans affectation qu'il se plaça à une \ hauteur d'où il put dominer l'idole et lui donner un ensei- \ gnement nécessaire à tant d'orgueil et de téméraires prospé- ' rites : il y eut comme la prophétie des désastres lointains. Après avoir reconnu en lui des qualités supérieures : la poli- tique d é l i b è r e , l'esprit philosophique de Marc-Aurèle, le culte de Léon pour les arts, il conclut en disant : « N'oublie « pas que ce ne furent ni les espérances ni les terreurs des « contemporains, mais la voix inexorable des siècles qui pro- « nonça sur la mémoire de ces hommes. Ils sont nombreux « et illustres les exemples qui ont enfin rendu sacrée cette « sentence des sages : Nul homme ne doit être proclamé heu- « reux ou vertueux qu'après sa mort. » Le tombeau de Sainte-Hélène lui apparaissait-il donc? Ajax et plus tard Ricciarda, tragédies dont la valeur litté- raire souffre plus d'une inlerprétalion, obtinrent d'éclatants \ enthousiasmes. Toujours épris d'Alfieri, Foscolo avait, ainsi !