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CHAZAY-D'AZERGUES EN LYONNAIS 339 la ville entière. On se précipite vers le lieu du sinistre, à l'en- tour d'une des plus opulentes demeures de Chazay. Le feu avait pris déjà des proportions considérables, le corps principal du logis brûlait, une seule tour, plus élevée que le reste de l'édifice, se dressait encore intacte, rougie par les sinistres lueurs et léchée par le feu qui allait bientôt atteindre sa toiture élancée. La foule regardait ce spectacle terrifiant sans pouvoir porter aucun secours. D'ailleurs on croyait que les nobles hôtes de cette demeure avaient eu le temps de fuir et de chercher ailleurs un abri. On savait le sire d'Albon dans les armées royales, à la vérité sa femme et sa fille pouvaient se trouver dans le castel, mais com- ment croire qu'elles fussent encore au milieu de cette four- naise ! Quand tout à coup partent du haut de cette tour, cernée de tous côtés par l'incendie, des cris de détresse et de terreur. Une longue clameur d'effroi y répond, en voyant apparaître à la dernière croisée de la tour, la noble châte- laine présentant sa fillette à peine âgée de dix ans à la foule épouvantée, qu'elle appelle à son aide..Mais comment aborder cette tour entourée parles flammes;?-Les plus cou- rageux se signent, reculent avec effroi, et restent mornes, consternés devant le désespoir de cette mère et de son enfant. Alors notre jeune saltimbanque, Sautefort, dit Baboin, ému de compassion, s'avance du milieu de la foule qui le regarde avec étonnement. Il fait une courte prière pour se recommander à Notre-Dame du Bon-Secours, puis se revêtant de sa peau d'ours qu'il a soin d'arroser de nombreux seaux d'eau, il plante une échelle sous la croisée où se tiennent les deux femmes et s'élance avec in- trépidité. Mais déjà la toiture en feu laisse tomber sur lui et tout à l'entour, tuiles et tisons embrasés, rien ne l'arrête ; il arrive, saisit l'enfant que la mère lui tend et redescend