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A LA SALLE DE DANSE *95 * * * Une institution assez curieuse que cette école de danse. Y en a-t-il encore comme cela? — D'abord, on ne s'y ruinait pas. Cinquante centimes la leçon, dix sous. Le pro- fesseur était un tout petit vieux, moins vieux pourtant que je n'en ai l'air aujourd'hui, et peu chargé de cuisine, comme il convenait à son art. Il avait une assez drôle de manière de porter la barbe : rien qu'un tout petit mouchet gris au menton. Point de sourcils. Des yeux gris, tout brillants. Gravé. Toujours sur la tête un bonnet de velours noir. Quittant et reprenant à cha-moment son petit crin-crin pour vous faire danser, ou pour vous prendre par les bras, à seule fin de vous faire « décomposer le pas ». J'ai encore dans l'oreille l'air, très joli, de la Hongroise, une danse savante où l'on faisait des ronds avec le pied : ta ta la!... ta ta la!... di di di! Je vous le noterais bien autrement, mais je ne sais pas faire. Je le chantonne quelquefois encore en moi-même, et j'y prends toujours un plaisir mélanco- lique. * * * La salle, voûtée, était assez grande. L'aire, en larges planches de sapin couleur de suie, fortement poussiéreuse. Sous la main vive de MIIe Leroy, l'arrosoir en façon de chausse à filtrer, coutumier à nos ménagères lyonnaises, la brodait, à courts intervalles, d'immenses 8 entrelacés. Une