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                   A LA SALLE DE DANSE                    *95


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    Une institution assez curieuse que cette école de danse.
Y en a-t-il encore comme cela? — D'abord, on ne s'y
 ruinait pas. Cinquante centimes la leçon, dix sous. Le pro-
fesseur était un tout petit vieux, moins vieux pourtant que
je n'en ai l'air aujourd'hui, et peu chargé de cuisine, comme
il convenait à son art. Il avait une assez drôle de manière
 de porter la barbe : rien qu'un tout petit mouchet gris au
menton. Point de sourcils. Des yeux gris, tout brillants.
Gravé. Toujours sur la tête un bonnet de velours noir.
 Quittant et reprenant à cha-moment son petit crin-crin
pour vous faire danser, ou pour vous prendre par les bras,
à seule fin de vous faire « décomposer le pas ». J'ai encore
 dans l'oreille l'air, très joli, de la Hongroise, une danse
 savante où l'on faisait des ronds avec le pied : ta ta la!...
ta ta la!... di di di! Je vous le noterais bien autrement,
mais je ne sais pas faire. Je le chantonne quelquefois encore
en moi-même, et j'y prends toujours un plaisir mélanco-
lique.

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   La salle, voûtée, était assez grande. L'aire, en larges
planches de sapin couleur de suie, fortement poussiéreuse.
Sous la main vive de MIIe Leroy, l'arrosoir en façon de
chausse à filtrer, coutumier à nos ménagères lyonnaises, la
brodait, à courts intervalles, d'immenses 8 entrelacés. Une