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POÉSIE. « Pourquoi tarder si longtemps « A sortir du sein de l'herbe ? » — Et les lis, au front superbe, Alors naissent éclatants. Les renoncules pourprées, Les tulipes, qui, zébrées, Sont fiercs de' leur beauté ; La rose, sÅ“ur des Charités; Toutes, grandes ou petites, Surgissent à son côté. Le tapis vert des prairies, Brodé de perles fleuries, Emeut les coeurs nuit et jour. Dans l'air où l'azur se noie, Les oiseaux chantent de joie, Et des bosquets sort l'Amour. Mais ces fleurs aux blonds calices, Ces fleurs aux tendres prémices, A l'éphémère destin, Sous les chaudes matinées S'inclinent, bientôt fanées Dans leur corset de satin. En voyant qu'il se dénoue, Le Printemps baise leur joue, Et s'écrie : — « Il faut partir : « Mes hirondelles sont prêtes ; « Nous allons à d'autres fêtes, « Dans l'Inde, nous divertir ! » — Au genre humain qui l'écoute, A demi-voix il ajoute : — « Pour cueillir les pesants fruits, « Le grain doré qu'on moissonne, « Je vous enverrai l'Automne, « Car, enfant, je ne le puis. « Trop petit, je crains la peine ; « En d'autres climats j'emmène « Mes fleurs, mes oiseaux si doux. « Adieu ! vous verrez encore « Mes félicités éclore « Si l'Amour reste avec vous ! » Sylv*in BLOÃ