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64 HISTOiRE invinciblement le cœur non-seulement de ses rudes enfants, mais aussi du voyageur et de l'étranger. Une population éner- gique et guerrière l'habite ; on peut s'en convaincre au nombre de châleaux-forls dont les ruines pendent aux flancs de tous ses rochers. Son histoire n'est pleine que des luttes qu'il eut à soutenir contre le Dauphiné, dont il sut repousser les invasions, et contre la Franche-Comté, dont il osa plus d'une fois attaquer la puissance. Quand on voit un monta- gnard bugiste secouer sa longue chevelure, on songe a ces fameux Gé'ates qui, descendus des montagnes du haut- Rhône à l'appel des Cisalpins, traversèrent la Ligurie, l'Etru- rie et allèrent jusque sous les murs de Rome ébranler la for- lune de la capitale du monde (1). Les historiens de l'Italie ne parlent qu'avec effroi de ces géants qui, les derniers des bar- bares, ayant conservé l'antique coutume de leurs pères, se dépouillaient de leurs vêtements devant l'ennemi, et le corps nu, l'angon en avant, se précipitaient, en poussant leur cri de guerre, contre les vieilles légions hérissées de fer. Aujour- d'hui, la France a discipliné ces Gers courages ; elle tire de ces vallées une race de soldats belliqueuse et obéissante, et les encore, quand aucun livre, aucune charte, aucun cartnlaire, ne nous a jamais rien appris de pareil ? » Pour me disculper et me défendre, j'ai donc dû joindre à mon travail des notes quelquefois aussi longues que le texte original. Ces pièces justi- ficatives entravent le récit et détournent l'intérêt. En écrivant sans préten- tion ce récit, je n'avais pas prévu ce désagrément, et j'en demande pardon à mes lecteurs. (1) « I^e pays de Gex n'appartenait point aux Séquanes dont il était sé- paré par le mont Jura... Polybe dit, liv. XXI, que les Boiens et les In- sultes ayant besoin de secours, envoyèrent vers les Gaulois qui habi- taient les bords du Rhône... De Vcyle ajoute que le nom de Gésatcs était moins un nom de peuple qu'un nom de ligue commun à plusieurs peuples, et que ce nom est resté au pays habité par l'un d'entre eux. » (Lateysson- jjière. Rech. hilt, eur le départ, de l'Ain, t. I, p. 5.)