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DU CHATEA0 DE VAREY. 65 annales dé nos conquêtes citent plus d'un héïos bugiste qui eut toutes les vertus du soldât. Avant que le chemin de fer n'eût emmené le courant des voyageurs à travers les défilés d'Ambérieux et de Saint- Rambert, chaises de poste et diligences remontaient la ri- vière d'Ain et suivaient le pied des collines pour s'engager dans les gorges tourmentées de Gerdou et de Nanlua; et de là , gagner Genève, là Suisse et l'Italie. Le touriste voyait alors, vis-à -vis lesmajeslueuses terrasses du château de Pont-d'Ain, berceau des princes de Savoie, et à l'autre extrémité d'une riche et fertile plaine, les ruines robustes et gigantesques d'un ancien château-fort qui commandait l'entrée d'une vaste coupure, et semblait là comme une sentinelle morte à son poste et délaissée après le départ de l'ennemi. Le château de Varey, non moins oublié par les guerres, et surtout par l'épée impitoyable de Biron, que les puissantes forteresses qui l'entourent, avait conservé des tours moins démantelées, des voûtes moins effondrées, des remparts plus entiers, et ses débris pittoresques, hauts et fiers encore sur un promontoire inaccessible, donnaient un relief singulier à la riante cam- pagne qui s'étend au pied des montagnes et servait de trait- d'union entre la richesse luxuriante de la plaine et la sévé- rité des croupes boisés qui s'élèvent majestueusement dans le fond du paysage et dominent tout le pays. Souvent les artistes venaient copier ces hautes murailles, ceà restes d'ogives, ces créneaux dépareillés, ces tours fen- dues comme si la foudre les eût frappées. Les savants, dû haut des remparts, contemplaient le site où se livra là ba- taille de Varey, l'endroit dit encore aujourd'hui dès Arpîlles, où eut lieu le principal effort des SaVoyards et des Dauphinois, et le gué où le comte Edouard de Savoie traversa la rivière d'Ain, laissant morts ou captifs les meilleurs sol- dats de son armée. Plus souvent encore, les riches familles 5