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 4-66                        LA KEVUE LYONNAISE

 le maître, on fait beaucoup trop de bruit autour de son nom. Il n'a
 été que le metteur en œuvre de l'idée d'un autre. M. Bossan,
 l'architecte de Fourvière, est le vrai créateur de l'ostensoir de Saint-
 François. Il a dessiné ces lignes superbes. M. Armand Calliat s'est
 contenté de les parer de son mieux, de les mettre en plein relief, de
 les adapter à son parti décoratif. N'allez pas dire, et surtout gardez-
vous d'imprimer que M. Bossan a été simplement le « collabo-
rateur » de M. Armand Calliat. ( i ) Celui-ci n'admet pas cette
manière de parler; s'il entend qu'on ne lui prenne pas son bien,
il respecte celui des autres jusqu'aux derniers scrupules de la
délicatesse. Ne disputons pas là-dessus, à quoi bon d'ailleurs ces
querelles de préséance ? N'y a-t-il pas de la place pour deux renom-,
mées dans ce chef-d'œuvre ? Laissons donc aux peseurs de mérite
le soin de discerner là juste part qui revient à deux grands artistes
dans ce travail, et essayons de l'apprécier en lui-même.
    On connaît l'origine de ce grand ouvrage, qui a demandé trois
années de recherches et d'essais. Mme veuve Trimolet avait laissé
par testament à la paroisse de Saint-François un riche écrin de
diamants. Il s'agissait d'employer ce legs princier à la décoration
d'un ostensoir. Hâtons-nous de dire que cette profusion de gemmes
n'écrase pas le travail artistique. L'or, les émaux et les diarnaats se
fondent dans une tonalité parfaite. La richesse .des pierres -n'est ici
que la suprême et dernière convenance d'un art accompli.
   L'ostensoir de Saint-François repose sur un pied rond, largement
empâté dans quatre volutes d'une belle venue. Leurs enroulements
sont réunis par des aigles aux ailes éployées, et supportent des
statuettes qui viennent compléter cette base vigoureuse. De là naît
une tige écaillée, d'une incomparable fierté. Ce qui domine jusqu'à
présent, c'est l'idée de la force et de la solidité.
   Nous voici maintenant arrivés au centre moral et optique de l'œu-
vre. Jusque-là relativement calme, l'art échue tout à coup en magni-
ficences inouïes. La hampe reçoit une sorte de piédestal qui porte


  (i) Voyez l'article du Salut public du 12 décembre et la belle rectilication de
M. Armand Galliat dans le numéro, du lendemain.