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284                     LA REVUE LYONNAISE

rus, qui a la même mesure poétique, à la place de fluiturus qui est
un affreux barbarisme, à la charge d'un mauvais copiste.
     Le distique qui termine, c'est-à-dire, les deux derniers vers,
exprime la date précise du mois et de l'année, qui est celle de la
mort de l'auguste fondateur. On se plaisait, à cette époque, à for-
muler ce double fait sous des idées et en des termes énigmatiques,
dignes vraiment de nos charades et rébus contemporains.
     Louis le Pieux ou le Débonnnaire est mort le douze des calendes
de juillet (20 juin) 840; selon le témoignage de son fils, Charles
le Chauve, dans une charte de l'an 854, qu'on peut lire soit au Car-
tulaire de Saint-Vincent, page 44, soit dans la Gallia Christiana,
tome IV, parmi les instrumenta ou preuves, page 267. On y lit ces
mots : « In die obitus genitoris nostri Augusti HLUDOVICI quae
est XIIa Kal. Julii. »
     Le douze des calendes de juillet est le douzième jour avant le
 I er de ce mois, soit le 20 juin. Ces douze jours de calendes sont
exprimés par ces deux mots. : Lampade bissena, qui veulent dire
deux fois six soleils, ou douze soleils, douze jours. Fluxurus, au
participe futur, fait voir qu'on n'était pas encore dans le courant de
juillet. Ibat marque que ce mois approchait.
     Obpositum peut être pris substantivement ou comme participe
du verbe obponere ou opponere. Dans le Glossaire de Ducange, il est
dit à ce mot : « Opponere, in pignus dare ; » et encore : « Oppo-
situs est quasi contra positus, vice pignoris datus. » En fondant
des monastères et des églises, on donnait des gages au Maître sou-
verain de la vie et de la mort, non seulement en vue d'obtenir le
ciel, mais aussi pour écarter les calamités du temps présent et sur-
tout l'heure de la mort.
     Mais la Mort, ici personnifiée et mise en action, n'a pas plus
exaucé Louis le Débonnaire qu'elle ne se laissera toucher plus tard
par les larmes et les royales largesses de Louis XI.

          La Mort a des rigueurs à nulle autre pareilles :
                    On a beau la prier ;
          La cruelle qu'elle est se bouche les oreilles
                    Et nous laisse crier.