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        TUMES TRINTANIÈRES

          ES Rimes printanières ! ( i ) Voilà un livre qui paraît à propos.
           Nous sommes en pleine actualité. Je ne pourrais trouver,
           dans toute l'année, une époque plus convenable que le
mois de mai pour en entretenir les lecteurs de la Revue lyonnaise. Et
quelle excellente occasion pour montrer à quel point je respecte les
conventions généralement reçues ! Avec quelle docilité bourgeoise je
m'y conforme! Car enfin tout le monde sait, à présent, que le prin-
temps n'existe pas, qu'il n'a jamais existé, qu'il ne peut pas exister.
C'est un mythe, une fable, une forme de langage, une allégorie, un
symbolisme, une expression admise au même titre que les noms des
dieux des mythologies anciennes. C'est une articulation vide de sens,
un vocable qui ne désigne aucun objet tangible, aucun phénomène
naturel.
  Les philosophes grecs, qui rêvaient du soir au matin et parlaient
du matin au soir, en public, pour rien, pour le plaisir, pour
avoir l'air de penser, enseignèrent, sans le savoir, que Tannée com-
prenait quatre saisons, dont ils forgèrent les noms de toutes pièces.
Les diplomates romains, qui se moquaient de la cosmographie comme
d'une guigne, trouvèrent l'invention commode pour la confection
des calendriers populaires et la fixation des foires. Les astrologues
perpétuèrent la tradition. Nos astronomes s'en tordent entre eux, à


  (i) Les Rimes printanières, poésies, par Camille ROY, précédées d'une préface par
Aimé VINGTRINIER et d'une lettre de Gabriel MONAVON. — Lyon. Mougin-
Rusand,imprimeur-éditeur. 1885. — Un vol. in-i2,de xxvm-300, pp. Titre en
rouge et noir.