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232 LA REVUE LYONNAISE OLIVIER MAUGANT, par Victor CHERBULIEZ, de l'Académie française. — P.;ris. Hachette. 1885. — Un vol. in-18 Jésus. Prix : 3 fr. 50. M. Cherbuliez a beaucoup profité à l'école de Voltaire. Il lui a emprunté quel- ques-uns de ses dons précieux d'écrivain : la limpide clarté de sa phrase et son ironie contenue. Celle-ci pourtant est moins fine que celle de l'auteur de Candide, et présente parfois une tournure quelque peu pesante. Ferney n'est pas bien loin de Genève, mais il est à croire qu'il y a plus loin de Genève à Ferney. Les qualités de style dont je parle, et qui sont familières à M. Cherbuliez, on les retrouvera dans Olivier Maugant, qui vient de paraître chez Hachette, après avoir figuré dans la Revue des Deux-Mondes. Je n'ai point à raconter ici l'intrigue de ce roman, qui est plutôt une étude analytique de caractères que toute autre chose. Il est écrit sur ce ton de philosophie narquoise, qui n'est pas un des moin- dres charmes du romancier académicien. Comme il y est question d'une grève, je me permets d'indiquer une comparaison à faire entre le récit de M. Cherbuliez et celui de M. Zola, dans son roman de Germinal, actuellement en cours de publica- tion dans le Gil Blas. Il est toujours intéressant d'étudier les procédés différents, dont se servent, pour peindre le même tableau, deux écrivains d'école opposée. TYPES MILITAIRES D'ANTAN. Généraux cl soldats d'Afrique, par le capitaine BLANC. — Paris. Librairie Pion. 1885. Mieux que les annales officielles, l'histoire anecdotique fait connaître au lecteur les hommes et les événements. Elle les présente à lui plus nettement dessinés, plus empreints de vivante réalité. C'est à ce titre que j'appellerai l'attention sur,, Généraux et soldats d'Afrique. On peut avoir lu et relu le récit de la conquête de l'Algérie, en connaître les vicissitudes et les gloires, et pourtant ne point se les représenter d'une manière parfaitement exacte et précise. En déroulant les souvenirs de ses débuts dans la carrière militaire, M. le capi- taine Blanc met en scène les héros, connus ou ignorés, qui ont versé, pour la France, les flots de leur sang généreux sur la terre d'Afrique. Son livre est un monument fraternel élevé à la mémoire de ceux qui furent ses compagnons d'armes, et dont si peu, hélas ! survivent aujourd'hui. Tout en se gardant de l'exagération dans la louange, et en sachant être sévère, quand il le faut, dans ses appréciations, il dépeint ce que fut cette admirable armée d'Afrique, où se formè- rent nos meilleurs généraux, nos plus vaillants soldats, et que, ainsi qu'il le déplore lui-même, les nouvelles conditions de nos lois militaires ne laissent guère d'espoir de voir se reconstituer aussi rompue aux fatigues, aussi accoutumée aux surprises de la guerre arabe. Zouaves, turcos, spahis, fantassins, cavaliers, les différents corps défilent sous les yeux, caractérisés par quelques traits typiques. M. Blanc promène 'son lecteur, au courant de ses souvenirs, des officiers supérieurs aux