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LE SALON DE 1885 I33 debout, en robe de dîner (598), est une jolie brune, à l'œil bleu. Les bras pendent naturellement, un peu maigres ; la tête est bien posée. Peut-être y a-t-il un peu de raideur dans le cou, et je ne crois pas que ce soit la faute du modèle. La figure est gracieuse, et bien éclairée, mais elle perd au fond uni qui l'entoure, et contre lequel elle paraît plaquée. — Le fond de tapisserie du portrait de Mlle J. A. est plus heureux (599). Cette petite fille ne me paraît pas très bien assise dans ce grand fauteuil Henri II, à moins que l'artiste n'ait pris la précaution de placer sous elle un coussin qu'il eût mieux fait, en ce cas, de ne pas nous laisser deviner ; mais la position est charmante de grâce et d'abandon; les mains s'allongent bien sur les bras du fauteuil, et les jambes pendent naturellement ; les yeux et la bouche sourient gracieusement. Un bon portrait, au total, et le meilleur envoi de M. Tollet. M. RAYNAUD, par exemple, dont j'avais loué sans réserves l'an der- nier le portrait de femme vêtue de noir me paraît moins heureux aujourd'hui. Il a peint en pied une dame blonde, assise sur une chaise longue dont le dossier coupe la toile d'une ligne droite malheureuse (510); il l'a habillée de blanc, de la tête aux pieds, et l'a posée sur un fond d'un brun clair. Le dessin ne mérite que des éloges, comme toujours; les bras sont bien attachés, la tête est bien modelée, le costume et les accessoires sont bien traités; mais où l'auteur s'est perdu, c'est quand il a fallu harmoniser et faire valoir les uns par les autres tous ces tons clairs de la robe, du fond et des chairs. La figure, déjà peu colorée, est devenue livide sous l'éclairage violet du fond. M. Raynaud a cédé à la tentation de refaire la sym- phonie en blanc majeur que Bastien Lepage a réussie, mais qu'on ne réussira pas après lui. C'est une erreur d'autant plus regrettable que le peintre avait là un charmant modèle, capable plus que tout autre de l'inspirer, mais qu'il réparera certainement au prochain Salon. M. Nolot, conseiller municipal de la ville de Lyon, s'est fait représenter par M. Pierre SALLE (550), debout, de face, sanglé dans une redingote fleurie du ruban violet de l'Académie. Sa main gauche est appuyée à la hanche ; la droite repose sur une table chargée de livres. L'allure est fière, presque provocante. Le visage, jaune,