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82                        LA REVUH LYONNAISE

de valeur. On conservait aussi précieusement dans ces musées chré-
tiens des manuscrits des plus anciens et des plus beaux, sur papyrus,
sur vélin, et remplis des plus suaves peintures, presque inimitables
aujourd'hui. Je crois donc devoir, pour compléter mon étude sur le
Trésor de notre primatiale, rechercher avec soin les richesses
qu'elle a pu posséder en manuscrits dont le souvenir s'est encore
conservé, ou qui, oubliés par les révolutions, subsistent encore
çà et là, comme des épaves de nos tempêtes politiques.
   Je ne parlerai pas de l'origine des manuscrits. Dès le moment où
l'on eut trouvé le moyen d'exprimer les sons de la voix par des
lettres ou des caractères, et celui de fixer des caractères sur des corps
mobiles qu'on put conserver, tels que des tablettes enduites de cire,
le papyrus, la peau des animaux, le vélin, le parchemin et les autres
préparations susceptibles de recevoir l'écriture, il exista des livres, et
par conséquent, il put exister des bibliothèques qui sont des collec-
tions de livres.
   Je ne citerai pas les différents peuples de l'Orient générateurs de
la civilisation grecque et romaine auxquels on doit reporter princi-
palement l'origine des bibliothèques.
   Avec le développement du christianisme, de grandes bibliothèques
se formèrent, soit en Orient, soit en Occident. La plupart des prin-
cipales églises en avaient une. Saint-Jérôme cite avec éloge celle de
Césarée (3 e livre sur l'Épitre à Tite). Eusèbe mentionne celle de
Jérusalem (liv. 3, chap. 4). Anastase, celle de Rome ; Saint-Augustin,
celle d'Hippone. Mais, suivant Eusèbe, presque toutes ces bibliothè-
ques, avec les oratoires où elles étaient placées, furent brûlées par
Dioclétien. Pendant le bas empire, on compta aussi un grand nombre
de bibliothèques, mais tous ces établissements périrent sous le coup
des invasions.
   Je ne remonterai pas au-delà de Charlemagne pour parler des
manuscrits des Trésors et des bibliothèques de Lyon. Tout est
ténèbres sur cette matière jusqu'au vm c siècle. Mais alors il est cer-
tain qu'il existait, à Lyon, des collections de livres, mais seulement
dans les monastères, où les lettres, les sciences et les arts, qui redou-
tent les agitations du monde, avaient pu trouver un refuge et la