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                          ARCHÉOLOGIE LYONNAISE                               83

protection dont ils ont besoin. Du reste, Charlemagne, en habile
politique, avait compris quelle puissante alliance il trouverait dans
les lettres et les sciences pour sa mission civilisatrice et l'unification
de son grand empire. Dans cette pensée, il réorganisa partout les
écoles et les bibliothèques, et en établit une dans le monastère alors
déjà célèbre de l'Ile-Barbe, depuis tombé en ruines, pendant les hor-
ribles bouleversements de ces temps désastreux.
   Leidrade occupait alors le siège archiépiscopal de Lyon. Il était
l'ami du grand empereur et fut son missiis dominicus. Homme
d'une puissante énergie, doué d'une grande initiative et pénétré de
la pensée de son souverain, il releva la plupart des monastères
saccagés, et rendit aussi celui de l'Ile-Barbe aux sciences et aux
lettres, comme à la vénération des populations. Peu d'années après,
il put mander à Charlemagne qu'il avait rouvert les écoles de Lyon,
que leurs clercs y étudiaient, avec succès, les livres saints, et que
beaucoup savaient les copier: « Similiter libros Salomonis vellibros
psalmorum atque Job in libris quoque conscribendis. » Du reste, à
dater de ce moment, il se trouva toujours, dans tous les monastères,
des moines qui copiaient les anciens auteurs, même les classiques
grecs et latins. Mais, malgré le zèle des copistes, le nombre des
livres ne put pas augmenter beaucoup, et on regardait comme une
chose merveilleuse que la copie d'une bible eut été faite en cinq
mois, par cinq religieux. Lorsqu'un monastère possédait 150
volumes (1), il se glorifiait de sa bibliothèque. Les manuscrits étaient
donc des plus rares et des plus précieux, et on les conservait avec le
plus grand soin dans les Trésors des églises. Ceux, comme les
antiphonaires, d'un usage journalier, étaient attachés avec une
chaîne de fer aux pupitres qui les portaient (2).




   (1) Au milieu du XIIe siècle, la grande abbaye de Cluny ne possédait encore
que 570 volumes, dont le catalogue semble avoir été rédigé sous l'administration
de l'abbé Hugues III, de 1158 à 1161, et a été publié par M. LéopoldDelislc dans
le « Cabinet des manuscrits delà Bibl. nat., » p. 459, t. II.
   (2) L'abbé Raymond de Cluny, mort en 1322, fit faire, entre autres, un graduel