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FELIBRIGE 585 RAPPORT DE M. CÉSAR GOURDOUX Mesdames, Messieurs et chers Compatriotes,, Sur ce sujet : les Précurseurs des Félibres au dix-neuvième siècle, deux Études très remarquables ont été soumises à l'examen du Jury. Celle qui porte pour épigraphe : Omnia recte : toujour tout drech, a obte- nu le premier prix. L'auteur est M. Frédéric Donnadieu, avocat à Béziers. « Les précurseurs, il faut les chercher, dit-il, parmi les hommes qui, avant la renaissance littéraire à laquelle les Félibres ont attaché leur nom, avaient pour préoccupation de relever la langue provençale, ou, pour mieux dire, la langue d'oc, de l'abaissement qu'elle avait subi avant eux et de rejeter de son vocabulaire les alliages impurs que le temps y avait apportés. » Certes, dirons-nous à notre tour car telle a été l'opinion du jury, nous devons un souvenir reconnaissant à tous ceux qui, dans la période visée par le pro- gramme, ont dépensé au service de la cause félibresque leurs forces intellec- tuelles quelque restreinte qu'en ait été la mesure ; mais autant il nous paraîtrait injuste d'oublier ces hommes de bonne volonté, autant il nous semblerait regret > table de les faire entrer dans l'histoire du Félibrige à titre de Précurseurs. L'auteur du mémoire qui a obtenu le deuxième prix, M. J.-B. Gaut, d'Aix, ne s'est pas arrêté à des considérations de cette nature. Nous le regrettons tout en rendant au lauréat cette justice qu'il n'avait pas, tant s'en faut, à bénéficier de sa propre indulgence. Mais pourquoi M. Gaut n'a-t-il pas délimité avec la même largeur de vue, le champ des investigations ? Pour lui, ce champ doit s'entendre uniquement de la Provence contemporaine: en dehors de ce milieu, les Précurseurs, s'appelassent- ils Fabre d'Olivet, Jasmin, Moquin-Tandon, Jacques Azaïs, LaFare-Alais etc., ne lui paraissent pas suffisamment qualifiés. Cete double question résolue je reviens au Mémoire de M. Donnadieu, Et le rapporteur s'arrête sur chacune des figures examinées par l'auteur du Mémoire: Fabre d'Olivet, P. R. Martin (de Montpellier)Diouloufet d'Aix, d'Astros (du Var), Aubanel (de Nîmes), Moquin-Tandon, Azaïs (de Béziers) et Lafare Alais. Il insiste de la sorte sur ce dernier poète : Ici, Messieurs, permettez-moi d'oublier pour un moment le caractère imper- sonnel de la mission que vous m'avez fait l'honneur de me confier. Permettez-moi de rappeler que tout ce que je puis apporter de dévouement à la cause qui nous est chère, tout ce que je puis offrir de menue monnaie à notre poétique trésor, c'est au grand maître de la Muse cévenole que je le dois. Je l'ai vu, je l'ai approché, je l'ai aimé dans le plein épanouissement de son talent littéraire. Je ne puis dire ce qu'il y avait dans son cœur de tendresse pour notre vieille langue. Je sais aussi ce qu'était, dans les relations privées, cette nature d'élite.