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             DE LA RESPONSABILITÉ L I T T É R A I R E                549

    En jetant les yeux sur tant de feuilletons détachés de livres ou
de journaux de tous formats, distribués librement sur la voie pu-
blique, comme des prospectus de marchandises à bas prix, on peut
juger de cette amorce à la curiosité, aux sens, aux basses fai-
blesses de l'âme humaine dont la satisfaction engendre la corrup-
tion des mœurs, si même elle n'expose pas à l'extrême honte du
vice. Afin de ne rien dissimuler sur la vérité ; on doit ajouter que
les auteurs de la plupart de ces écrits abondamment publiés,
comme les entrepreneurs de la régénération sociale qui les pro-
pagent, pensent augmenter l'attrait de la lecture par l'impiété qui
sert de piment à l'obscénité et qui atteint du même coup ce que
représente un mot au sens fort élastique devenu banal : le cléri-
calisme.
    Enfin lorsque, après les feuilletons populaires et les livraisons de
brochures hardies à la portée des moins délicats, on arrive à cette
cynique éruption pornographique, efflorescence hideuse qui semble
l'originalité littéraire d'un nouveau régime politique et social,
croit- on de bonne foi que les mœurs d'un peuple puissent résister
longtemps à l'infection quotidienne de telle lecture et de l'exhibi-
tion de ces monstrueuses productions ?
    J'aurais voulu comme documents utiles, afin d'en tirer un en-
seignement, recueillir seulement les titres des livres exposés aux
convoitises intellectuelles et licencieuses du public. J'ai reculé
devant l'ènormité de cette accumulation d'œuvres excentriques au
 moins parle titre, quelquefois assez énigmatique pour servir d'ap-
 pât à la curiosité sans toutefois éloigner le lecteur un peu timoré
 ou assez brutalement expressif pour affriander les plus aguerris.
 Il est d'ailleurs des livres et des feuilles périodiques qui sont suffi-
 samment caractérisés par le nom seul des auteurs ou des propa-
 gateurs. Ainsi, pour ne citer qu'un seul exemple, il est un pseu-
 donyme qui figurant à quel titre que ce soit sur la couverture d'un
 livre, d'une brochure, d'un journal, suffit pour définir l'œuvre ;
 c'est le nom digne du pilori de l'ignominie de Léo Taxil. Ce nom
 prévient suffisamment le lecteur de l'impiété élevée jusqu'au sacri-
 lège d'un livre ou d'un journal où l'ignoble le dispute à l'immoralité.
 Cet homme est signalé commeméprisable même par des libres pen-
 seurs ; il est auteur ou complice pour jeter en pâture à la popu -