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548 LA. REVUE LYONNAISE De l'ensemble des productions littéraires il ressort enfin que la conscience de l'auteur est rarement consultée, et que, quelque soit le sentiment que satisfasse l'œuvre de l'écrivain, il ne se préoccupe en général, que de là responsabilité du succès et de la satisfaction de l'éditeur. Il y a cinquante ans, un écrivain, homme d'Etat éminent, que le libéralisme glorifiait alors, dont le nom dignement porté par son fils a augmenté la liste des hommes livrés, de nos jours, par ceux qui se disent les hommes nouveaux aux diatribes passionnées de la politique, feu le duc de Broglie, parlant à la tribune du Parlement de certaine littérature du temps la nommait : « Ecole de débauche, de crime, école qui fait des disciples que l'on revoit ensuite, sur les bancs de la cour d'assises, attester par leur langage, après l'avoir prouvé par leurs actions, la profonde dégradation de leur intelli- gence et la dépravation de leur âme. » C'était l'époque des romans de Balzac et d'Eugène Sue. Aujourd'hui la littérature ainsi qualifiée a progressé. Aux livres qui inspiraient à l'homme d'État que je viens de citer les vérités si désastreuses, de nouveaux besoins ont suscité les débauches d'esprit d'une saveur plus pénétrante mises en relief sous un nom nouveau : le naturalisme, qui traduit l'idée brutale souvent sans périphrase, par forme d'étude physiologique et même psychologique. Des intrigues honteuses, des scènes qu'on croirait devoir rester enfouies dans le secret de certains lieux clandestins, des crimes d'un nouveau caractère que l'imagination dépravée pourrait seule créer, tels sont quelques-uns des sujets de tableaux tracés en un langage mis à la portée des lecteurs les moins lettrés et qui com- posent des livres plus lus que les livres de doctrine. Pour aider à la propagation de tant d'oeuvres malsaines, il n'est pas besoin delà vulgarisation de l'instruction surmenée qui sert à expérimenter le cerveau des jeunes générations ; véritable appli- cation du système de vivisection d'un député célèbre ; mais il suffit de la vulgarisation du mécanisme de la lecture dont le premier résultat est de mettre les publications nouvelles aux mains d'où - vriers, de paysans, de femmes, d'enfants hors d'état de raisonner, de contrôler et de redresser leurs impressions.