page suivante »
432 LA REVUE LYONNAISE l'Afrique. Sans doute la navigation de ce fleuve était hérissée de difficultés : mais, pour un Américain, les obstacles ne sont rien, ou plutôt ils ne font qu'irriter son génie entreprenant. De retour en Europe, Stanley fut accueilli partout de la manière la plus cha- leureuse, et personne ne lui marchanda les éloges que méritait son courage. Une société se forma même en Belgique, pour rechercher les moyens de remonter le long du Congo, sur une étendue de trois cent cinquante kilomètres, puisque les cataractes rendaient impossible tout essai de navigation, depuis Vivi jusqu'à Stanley Pool. Après des études minutieuses et approfondies., la Société pour l'étude du Congo résolut de fonder des stations hospita- lières sur la rive droite du fleuve, et confia cette œuvre difficile à Stanley lui-même. Le courageux explorateur accepta avec enthou- siasme, et alla recruter des travailleurs parmi ses anciens compa- gnons de Zanzibar, pendant que des Belges amenaient d'Anvers le matériel nécessaire à l'entreprise. A la fin de l'année 1879, tout le monde se trouvait réuni à l'embouchure du Congo : quatorze Euro- péens, aidés par soixante-huit Zanzibarites et environ cent cin- quante. Africains recrutés de tous côtés, devaient suffire à ce travail gigantesque. La première station fut fondée à Vivi, à onze kilomètres en aval des chutes du Yellala. Là pouvaient par- venir les navires sans de trop grands dangers. Mais, en remontant le Congo, on trouvait une série de rapides qu'il ne fallait pas songer à franchir : on résolut de tracer, à travers les forêts et les rochers, une route de quatre-vingt-trois kilomètres, et l'on dut y consacrer onze mois. On établit une seconde station à Isangila, à l'endroit où le Congo devient de nouveau navigable. A cent dix-huit kilomètres en amont, on fonda celle de Manyanga : le fleuve, qui sur tout ce parcours peut porter des bateaux, malgré les obstacles dont il est hérissé, devient désormais impraticable de Manyanga à Stanley - Pool. On créa donc, à travers les accidents de toute nature, une seconde route latérale qui permît d'atteindre ce lac : à son extré- mité sud-ouest, fut fondée une dernière station, celle de Léopold- ville. Je me suis laissé entraîner à raconter tout d'un trait les diffé- rentes phases de l'action de Stanley dans le Congo. Je dois main- tenant revenir sur mes pas, et dire comment nos compatriotes sont