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LE NOUVEL HISTORIEN DE CHARLES VII 415 que n'ait point entamées l'invasion étrangère, ces villes de l'Est et du Midi qui forment le noyau le plus solide de sa puissance ; les sentiments religieux qui l'animent sont si sincères, sa libéralité et sa charité sont si généreusement imprévoyantes que cette figure, un peu pâle sans doute, mais empreinte d'une grâce assez tou- chante, et rehaussée par l'épreuve et le malheur, finit par exercer quelque séduction sur le lecteur, comme elle a évidemment séduit l'historien qui la fait revivre. La seule ombre au tableau est ce goût de la magnificence, cette passion pour les beaux vêtements et les beaux chevaux qui jurentquelquepeu avecla pénurie du Trésor et les faibles ressources d'une cour toujours aux expédients. Mais ce défaut ne messied pas à la jeunesse et reçoit d'elle son excuse. Enfin l'histoire diplomatique de cette régence, assez peu étudiée jusqu'ici, apparaît pour la première fois en pleine lumière. La di- plomatie est la ressource des faibles ; elle est, ou plutôt elle devrait être, la revanche des vaincus. Après de grands désastres, c'est par une patiente recherche des appuis qui peuvent être de quelque se- cours à un pouvoir ébranlé, par un grand esprit de suite dans les négociations, par une inviolable fidélité aux engagements souscrits qu'on peut ranimer la confiance de ses anciens alliés et en acquérir de nouveaux. Cette diplomatie du régent ne s'applique point seu- lement à ces grands vassaux qui, toujours incertains entre la France et l'Angleterre, marchandaient à chaque occasion impor - tante le concours qu'ils donnaient ou refusaient a l'un ou l'autre des deux partis, mais elle va chercher des secours au dehors. M. de Beaucourt nous montre l'Europe féodale plus attentive qu'on ne le croit communément au grand drame qui se passe en France, et les cours étrangères assez soucieuses de prévenir, en reconnaissant le Dauphin pour le maître légitime, la réunion de la France.et de l'Angleterre sous un même sceptre. Sur un autre point encore, il semble que le procès révisé par M. deBeaucourt aboutisse à une sentence définitive; c'est au sujet de la fin tragique de Jean sans Peur au pont de Montereau. Le Dauphin sortbien decette enquête lavé de tout soupçon d'avoir tendu un piège à son ennemi, et de l'avoir attiré dans un guet-apens. La mort du duc de Bourgogne est la suite d'une querelle, et le ré- sultat de l'effroi que la violence bien connue de l'assassin du duc