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416                   LA REVUE LYONNAISE
d'Orléans inspirait à ceux qui entouraient le Dauphin, et veillaient
sur sa personne. Ils frappèrent le duc pour sauver leur maître,
croyant que Jean sans Peur ne cherchait qu'un prétexte pour en-
lever le dauphin ou se défaire de lui. D'ailleurs toute la conduite de
Jean sans Peur, dans les quelques mois qui précédèrent sa fin,
nous montre en lui l'allié des Anglais, le mauvais génie de la
France. Le meurtre du pont de Montereau futle châtiment imprévu
de l'assassinat de la rue Barbette, la vengeance des défenseurs de
la France contre celui qui avait trahi si souvent la cause royale.
Il suffît, à l'honneur du Dauphin que cette mort soit due à l'explo-
sion subite de rancunes longtemps contenues. Ni lui ni les hommes
de sa suite ne l'avaient préparée, et la conduite de Charles, après
l'événement, prouve surabondamment qu'il n'en avait ni prévu les
résultats, ni calculé les avantages qu'il pouvait retirer, ou les
haines que ce coup inattendu pouvait soulever ou raviver parmi
ses adversaires.
   Au Dauphin, succède le roi de Bourges. M. de Beaucourt, dans
cette période plus longue, qui s'étend de 1422 à 1435, nous montre
Charles VII aux prises avec des difficultés encore plus grandes
que celles qui avaient assailli le gouvernement du Dauphin. Le
tableau de la situation de la France, qui ouvre le deuxième volume,
produit une sorte d'impression de terreur, quand on compare aux
territoires occupés à divers titres par l'ennemi et par ses partisans,
ou dominés par la puissante maison de Bourgogne, alors absolu-
ment inféodée aux Anglais, la liste si restreinte des provinces
restées fidèles à l'obédience royale. Charles VII semble, au début
de son règne, jaloux de prouver à ses adversaires qu'il défend
vaillamment sa couronne; mais il cède à des circonstances plus
fortes que son énergie, et jusqu'à l'avènement de Jeanne d'Arc, sa
résistance se borne à la défensive, si l'on embrasse l'ensemble des
opérations militaires et des événements.
   En même temps, le jeune prince studieux, sérieux, l'élève de la
reine Yolande de Sicile, semble plier sous le faix d'une charge
supérieure à ses forces. Cette période est le règne des favoris.
Louvet, Richemont, La Trémoille, se succèdent au pouvoir, et
sont, chacun à leur tour, les véritables maîtres et rois de cette
petite France. M. de Beaucourt n'entreprend nullement de contes-