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LE NOUVEL HISTORIEN DE CHARLES VII 411 sites du moment dans ces rapports de la royauté et de ses sujets. On voit déjà commencer ces longues fluctuations qui font des États généraux la simple ressource delà royauté en péril, au lieu de les élever au rang d'une institution régulière et permanente et d'en faire le grand conseil delà nation. M. de Beau court s'est proposé de donner un tableau complet de cette période encore plus que l'histoire d'un règne. En tenant compte de singulières différences et dans le choix du sujet et dans les tendances de l'auteur, il y a quelque parenté pourtant entre son livre et le Siècle de Louis XIV AQ Voltaire. Le plan n'est pas sans analogie et prête aux mêmes critiques. De même que Voltaire re- commence successivement, à divers points de vue, l'histoire du règne de Louis XIV, donnant à chacune des grandes divisions de sa revue sa place à part et son développement spécial; ainsi dans chacun des volumes de M. de Beaucourt les guerres, la diplomatie, l'administration forment des sections distinctes. Ce qui établit, comme on l'a maintes fois reproché au Siècle de Louis XIV, un intervalle parfois regrettable entre des faits qui sont entre eux dans le rapport de la cause à l'effet. Mais M. de Beaucourt pourrait répondre non sans raison, comme on l'a fait cent fois pour Voltaire, que ces divisions sont le seul moyen d'établir l'ordre et la clarté parmi des détails aussi complexes, et que l'exactitude chronolo- gique des annales ne sert souvent qu'à produire dans l'esprit des lecteurs la plus déplorable confusion. Tout a été dit pour et contre cette méthode. Elle s'impose toutes les fois qu'on veut pénétrer dans les plus minutieux détails des faits. De même que, dans le Siècle de Louis XIV, la grande personna- lité du roi domine tout l'ouvrage et lui donne son unité, de même dans le livre de M. de Beaucourt tout converge vers la personne de Charles VII. Sans doute, il ne s'agit pas de prouver, comme le faisait Voltaire pour une société déjà oublieuse des qualités du grand roi, que Charles VII a été l'âme de tout ce qui s'est accompli autour de lui ; mais il s'agit de réhabiliter cette mémoire du roi de Bourges, trop calomniée, et autour de laquelle s'est faite une véri- table légende. Le caractère de plaidoyer devient, par conséquent, plus apparent dans le travail de M. de Beaucourt. Il n'en .est pas moins commun aux deux ouvrages, et c'est un éloge pour le livre