page suivante »
258 LA REVUE LYONNAISE autres rouages sociaux. Malheureusement, l'impulsion était donnée, le capital avait établi son réseau cosmopolite ; les nations aussi bien que les sociétés et les traditions politiques, disparurent devant lui, et, à cette heure, tous les gouvernements européens tremblent et s'inclinent devant une poignée de banquiers pour lesquels il n'y a ni peuples, ni souverains, ni lois, ni doctrines, ni religion, ni patrie ! Revenons maintenant à ce recueil de vieux documents, nous re- trouverons dans ces chartes octroyées aux capitalistes de ce temps reculé, les principes du régime que nous subisssons aujourd'hui. Certes, l'émancipation des serfs, l'organisation d'une classe moyenne, l'accès des charges publiques accordé à l'intelligence et au labeur, l'amélioration du mécanisme de l'État par les mains d'une classe industrieuse et bonne ménagère, c'était là tout autant de progrès admirables que l'on ne saurait trop louer; mais la faute, mais l'erreur fut de livrer à ces nouveaux venus, outre la part qui leur revenait justement, celle qui appartenait légitimement aux autres ; ce fut d'avoir détruit l'ordre politique au profit d'intérêts particuliers, récompensé les services exceptionnels rendus à des princes, au préjudice des services quotidiens rendus à la patrie, abaissé l'épée devant le coffre-fort, et soumis l'homme de guerre à . l'homme d'argent. Je me suis attardé à ces considérations qui demanderaient une autre plume que la mienne pour être dignement développées, je m'y suis arrêté dans le but de montrer que le recueil mis au jour par M. le comte de Charpin-Feugerolles ne présente pas un simple intérêt d'érudition et de recherches locales, mais qu'il est d'une réelle importance pour l'histoire générale, sur laquelle il jette des lumières nouvelles. Ce que l'on appelle la philosophie de l'histoire a tout à apprendre de ces chartes, abandonnées aux minutieuses dissertations des savants. Les grands événements politiques, les actes de la diplomatie, les discours des hommes d'Etat, les débats et les luttes des partis, les récits des annalistes et des chroniqueurs sont bien l'histoire, mais l'histoire superficielle, l'histoire parée, atiffée fardée,%iasquée ; l'histoire intime, vivante, ne se trouve que dans ces documents obscurs, négligés et inconnus. Cependant, tout en insistant sur la haute portée des enseignements