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LE SALON LYONNAIS 247
M. Vincent a exposé Deux amis, un bébé et un chien, ou la
faiblesse protégeant la force : c'est de l'art culinaire, une bombe
panachée, crème et groseille, un vrai dauphin, on en mangerait.
C'est tout ce que j'en peux dire comme éloge.
Terrible est le Mauvais coin de Paris qu'expose M. de Wylie.
A la faveur de cette nuit obscure,
une mégère chiffonne dans des tas d'ordure; péniblement un bec
de gaz éclaire les profondeurs sinistres de la nuit. On frissonne
rien qu'à voir le désert de cette impasse. On rêve de coupe -
gorges, d'escarpes, de souteneurs, et on comprend combien il est
difficile d'être bon préfet de police. Au premier abord, le tableau
de M. de Wylie paraît confus. Mais l'on s'habitue bientôt à ces
colorations énergiques quoique sobres; c'est de l'obscurité lumi-
neuse. Peu à peu la scène vous séduit, le désert s'anime et l'on
reste empoigné devant cette toile qui est l'œuvre d'un travailleur
appelé au succès.
Les Jardiniers du couvent de M. Larcher ont été longtemps Ã
peine visibles, c'était dommage. Les bons pères sont peut-être un
peu courts, mais ils s'enlèvent bien sur la toile, et il y a un joli
ton vert-gris-blanc, qui témoigne d'une véritable science des
couleurs.
On peut être hors concours sans être hors ligne, M. Adolphe
Leleux en est la preuve. A Dieu ne plaise que je sois injuste pour
le Pressoir etl'Embâtage, œuvres sérieuses, pleines de qualités
recommandables. C'est déjà beaucoup de savoir son métier : c'est
quelque chose d'envoyer deux toiles estimables. Mais pourquoi les
couleurs de M, Leleux sont-elle recuites? pourquoi ces scènes
agrestes sont-elles sans intérêt, sans relief, sans vie? Chi lo sa...
M. Leleux a été meilleur : il le sera l'année prochaine. Ses fai -
blesses mêmes sont honorables. Je les préfère aux succès de
M. Pomey qui, dans un genre joli, nous montre une femme jolie,
revêtue d'une robe jolie : tout joli, trop joli.
Le Galocher de M. Bidault est traité avec une louable simpli-
cité. Le sujet manque d'intérêt, et la grandeur de la toile écrase
cette étude. Pourquoi M. Bidault n'at-t-il pas renouvelé cette
année l'effort d'un talent sympathique qui avait valu à ses moines