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246                  LA REVUE LYONNAISE
qu'elle en sait long, c'est une cousine d'Agnès. Le garçon est moins
réussi et la totalité générale est un peu crue, mais la scène a de
l'esprit et du mouvement.
   Des deux toiles envoyées par M. Jean-Antoine Bail, la
meilleure est certainement le Repos du modèle. Le modèle est
une bonne vieille femme, qui s'étonne de se voir si bien rendue.
Le peintre s'égaie de cet étonnement. Je ne sais pas ce qu'il faut
penser du troisième personnage, mais ce minois fripon qui est là
pour ravigoter la scène ne me paraît pas respirer la vertu et la
distinction. C'est évidemment un contraste que le peintre a voulu
montrer; or, ce contraste est vulgaire et l'idée est absente. La ma-
nière de M. Bail ne m'a jamais beaucoup plu. Il y a du savoir-faire
et duchic dans son pinceau, mais on ne fait pas un bon tableau de
genre sans une pensée, sans un peu d'esprit ou d'émotion. Voyez
plutôtles minets deMlleRonner. Voilà une artiste quittent sonchat.
Ces petits-fils de fîodilard, qui mettent à sac une boîte à ouvrage,
sont pétillants de naturel et de malice. En outre, la couleur de ce
tableau est parfaite, et la composition si heureuse qu'il est im-
possible de regarder sans sourire cette scène où il n'y a que des
bêtes.
    Dans les Mélomanes de M. Girin, je préfère la chanteuse dont
la figure est d'une grande finesse. Ce concert au seizième siècle
 est à la fois pour l'artiste un progrès et un succès. M. Girin avait
 déjà donné la preuve qu'il avait le sentiment très vif des couleurs.
 Par son envoi de cette année, il a prouvé qu'il savait concevoir et
exécuter avec une grande netteté. Son pinceau est souvent un
peu trop maniéré, mais avec quelque persévérance, ce défaut dis-
paraîtra, et M. Girin prendra un rang honorable dans l'École
lyonnaise pourvu qu'il renonce à se servir de mannequins.
   M. Sicard a cherché un effet de neige. Un homme est à cheval,
encapuchonné de gris. Il demande un Renseignement à une
paysanne qui se protège de son parapluie rouge, et tient par la
main une bambine, pendant qu'un chien aboie au voyageur. Le
cheval est bien rendu, et généralement le premier plan est satisfai-
sant. Mais le fond est mou, sans coloris, sans vigueur. La neige
n'a jamais de ces tonalités hésitantes, ou si elle les a, il faut
les lui laisser.