Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
                          VICTOR HUGO                            409
aucun compte et où ils les sommait de nous tendre une main fra-
ternelle et de nous rendre l'Alsace et la Lorraine en gage de récon-
ciliation. Retiré à Bruxelles, il en fut écarté en raison de sa com-
misération excessive pour les insurgés de la Commune. Dès lors
la cause du peuple, les Etats-Unis d'Europe, les progrès de l'hu-
manité, furent la triple devise du dernier drapeau qu'il ait arboré,
et, si de fortes têtes, dont les idées n'ont jamais varié (peut-être
parce qu'elles n'en ont pas toujours de rechange), se sont grande-
ment scandalisées de sa versatilité politique,des juges plus indul-
gents se rappelèrent que, selon Platon et la Fontaine, le poète
e;>t chose légère et que, dans ses courses de météore à droite et à
gauche, celui-ci a constamment marché en avant vers l'horizon.




   Je me bornerai à esquisser le tableau d'une existence qu'on
a racontée tant de fois. Qui ne le sait? Victor-Marie Hugo na-
 quit à Besançon, le 8 ventôse de l'an x (26 février 1802). Il a,
en quelque sorte, concentré et amplifié dans sa personne les aptitu-
des littéraires dont furent doués tous les membres de sa famille,
puisque son père, ses deux frères (Abel et Eugèae), sa femme, ses
deux fiJs (Charles et François-Victor), ont tour à tour manié la
plume. Tout petit, il avait été emmené en Italie et en Espagne par
le général Hugo ; à dix ans, il composait des vers; adolescent, il
prit une part brillante à un concours poétique de l'Institut en 1817
et, de 1819 à 1822, à ceux de l'académie des jeux floraux de Tou-
louse. Il commença ainsi à attirer sur lui l'attention publique, et
Chateaubriand, qui n'était pas encore jaloux de lui, l'appelait un
enfant sublime.
   Poussé d'abord par ses parents vers l'École polytechnique et
la carrière militaire, il n'avait pas tardé à renoncer aux mathé-
matiques pour céder à sa vocation littéraire et, malgré sa jeunesse,
il fui bientôt considéré comme un chef d'école, comme le roi, com-
me le dieu de ce fameux cénacle, où figuraient au-dessous de lui
Sainte-Beuve, Emile et Antony Deschamps, Ulrich Guttinguer, le
peintre Louis Boulanger et tant d'autres. Pensionné et décoré par