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278                  LA REVUE LYONNAISE

impraticables ? Un contraste étonnant frappe le voyageur : à côté
d'une végétation luxuriante, on ne voit que des animaux chétifs,
dégénérés, dont la chair ne fournit qu'un aliment détestable et qui
révolte les estomacs les plus solides. La végétation, du reste,
ne comprend que des arbres géants, d'une taille et d'une am-
pleur invraisemblables ; mais les fruits sont très rares, et les
fleurs plus encore.
   Afin de mettre toutes les chances de leur côté, les Aschantis ont
résolu d'attendre la saison des pluies pour entrer en campagne.
C'est pourquoi ils ont adopté le système des atermoiements. Dans
leurs rapports avec le gouverneur anglais, ils ne traitent jamais
qu'un côté de la question en litige. Ils gagnent ainsi du temps et
pourront n'engager les hostilités que lorsque le moment leur en
semblera venu.
   Les officiers anglais qui se trouvaient sur la côte d'Or (c'est
ainsi que par dérision sans doute on a baptisé cette funeste région)
les officiers anglais s'obstinaient encore au moment où j'ai quitté
ce pays, il y a deux mois, à nier que la guerre fût imminente ; des
journaux de Liverpool en ont même démenti la possibilité. Il m'a
été facile de constater que ces déclarations résultent d'un mot
d'ordre donné par le gouvernement. J'ai eu d'un officier haut
placé des renseignements qui, du reste, n'ajoutaient pas grand'
 chose à ce que m'avait appris le témoignage de mes yeux.
    A Axim, où je suis resté un mois, toute la population indigène
était occupée aux travaux de construction du petit fort qui défend
cette place, travaux menés avec une activité et une intelligence qui
font le plus grand honneur au capitaine Firminge district commis -
sionner. En même temps, de tous les côtés arrivaient des troupes
 de terre et de mer. Les régiments qui se trouvaient à Sierra-Leone
 ont été dirigés du côté de Cape-Goast qui est le chef-lieu militaire ;
 ce sont des soldats noirs, de l'Inde, parfaitement aguerris et sur
 lesquels le soleil de la côte d'Or aura peu d'influence.
    Gomme forces navales, l'Angleterre avait déjà, à l'époque où je
 quittais la côte d'Or, envoyé quelques navires, entre autres le
 Champion et le Didon, corvettes de 250 hommes chacune envi-
 ron, deux canonnières de la taille de nos croisières de deuxième
 classe et une goélette. En même temps le vapeur Roquette ame-