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                             Fil A SALIMBENE                      339
 homme et un grand guerrier. Il quitta Parme de son plein gré et
 fit adhésion au parti de l'empire. Mais, poussé par le repentir, il
 se rendit à Saint-Jacques. A son retour il s'arrêta volontairement
 à Toulouse. Il y devint citoyen et y prit une femme qui lui donna
 des fils et des filles. Tombé malade, il se confessa près des frères,
 et mourut : il est enterré dans le couvent des Frères mineurs de
 Toulouse. » En outre, Salimbene avait eu pour parrain un baron
 français, dont il porta même le nom pendant son enfance : « Ba-
lien de Sydon, grand baron de France, qui venait d'outre-mer, se
rendant près de l'empereur Frédéric II, me tint sur les fonts bap-
tismaux... Avant d'entrer en religion j'étais appelé par quelques
personnes Baliano da Saetta, on voulait dire de Sydon, à l'oc-
casion de ce seigneur qui fut mon parrain. »
    Salimbene était né à Parme en 1221 ; il entra fort jeune dans
l'ordre des Frères mineurs, en 1238, et il écrivit sa grande Chro-
nique dans le couvent de Reggio d'Emilie, à plus de soixante ans,
entre 1283 et 1290. On ignore l'époque de sa mort.
    Tout d'abord le nom même de Salimbene demande une expli-
cation. Ce nom a une histoire, et ce n'est pas la moins amusante
de celles qui sont racontées dans la Chronique. Il n'a rien de com-
mun avec les Salimbene ou les Salimbeni de Sienne qui ont produit
au seizième siècle toute une pléiade de peintres, et dont on trouve
un représentant en terre sainte dès la fin du onzième siècle1. Le
nom de famille de notre chroniqueur était di Adamo. Nous avons
vu qu'il porta pendant quelque temps le nom français de son par-
rain. En même temps il avait reçu de sa famille et de ses amis un
surnom qui fait son éloge, celui à'Ognibene (Tout-Bien). Ce sur-
nom lui fut conservé pendant toute une année après son entrée en
religion. Mais un jour que, changeant de couvent, il traversait la
ville de Castello, il trouva dans un ermitage un noble frère, plein
de jours, qui avait quatre fils dans le monde. C'était le dernier
religieux qu'avait reçu saint François. Apprenant que son jeune
visiteur s'appelait Ognibene, le vieil ermite manifesta un vif éton-
nement et lui dit : « Dieu seul, mon fils, est ognibene. Que désor-
mais ton nom soit frère Salimbene, parce que tu as sauté dans le

  l Voyez Y Histoire de Sienne de Tomttlasi (Venise, 1625.)