page suivante »
276 LA REVUE LYONNAISE
temps de l'empire, ne laisse aucun doute sur le rapide développe-
ment de son commerce et de sa prospérité. Cinquante ans après
sa fondation, elle égalait presque Narbonne et était la ville la plus
peuplée après cette capitale de toute la Gaule méridionale. Au
second siècle, elle n'avait plus de rivale de ce côté des Alpes.
Lorsque aujourd'hui on parle de Lyon comme ville de commerce,
on pense tout de suite au commerce de la soierie. La soie était aussi,
au temps de l'empire romain, un article de luxe fort recherché par
les dames élégantes et même par les hommes efféminés, et valait,
dans l'acception rigoureuse du mot, son poids d'or. Mais elle était
tirée directement des pays des vers à soie , les Indes et la Chine, et
importée à Rome par les marchands phéniciens, qui avaient à Tyr
et à Béryte leurs grands entrepôts. Ce fut seulement sous l'empe-
reur Justinien que les premiers versa soie furent apportés à Cons-
tantinople, et que la sériciculture et le commerce de la soierie s'in-
troduisirent en Europe.
L'industrie de la Gaule était d'un genre plus grossier. Les épais -
ses toiles pour voiles de vaisseaux, les étoffes de laine pour vête-
ments militaires, les longs manteaux à capuchon, qui étaient dans
la Gaule le costume national, sortaient des fabriques de Tournay,
d'Arras, de Langres, de Saintes, villes où fleurit encore de nos jours
cette industrie. La plupart de ces marchandises prenaient à Lyon
les chemins de l'Italie et de l'Orient. L'armée romaine était habillée
avec la laine gauloise ; un empereur qui avait importé à Rome,
comme vêtement à l'usage du peuple, les manteaux dont on se ser-
vait en Gaule, garda du mot gaulois le sobriquet de Caracalla. Le
Sud de la France, une des régions le plus heureusement partagées
de l'Europe, fournissait alors comme aujourd'hui des vins et des
huiles tines en abondance. En Italie, même à Rome, les vins de la
Gaule trouvaient leur placement et atteignaient à des prix extraor-
dinaires. Une amphore de vin appelé picahmi, auquel une prépÃ
ration particulière donnait la saveur de la poix et qui se récoltait Ã
Vienne sur la rive droite du Rhône, au lieu appelé aujourd'hui la
Côte-Rôtie, a été, dit-on, payée 1,000 sesterces (200 fr.) prix
presque inouï même à Rome. Comme Bordeaux actuellement, Lyon
était la principale place du grand commerce des vins. Il est souvent
question dans les inscriptions de négociants en vin, qui font de