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P R E M I E R E S GUERRES DE LA R É P U R L I Q U E 263 la ville et du château de Strombergà deux heures après midy.Nous avons passé la nuit sur le champ de bataille, au bivouac, sans avoir ni bu ni mangé ; mais la satisfaction d'avoir vaincu et le plaisir de se raconter ce que chacun avoitfait pendant l'action nous a sou- tenus toute la nuit qui heureusement étoittrès belle. Steinfeld près Weissemljouvg, 7 avril 1793. ... Vous avez peut-être été inquiets de mon silence et jamais vous ne l'avez été avec de plus justes raisons, car je ne conçois pas en - core comment je n'ai pas été tué ou fait prisonnier. Les boulets, les obus qui ont passé à côté de moi m'ont épargné, et les hussards et cavaliers prussiens qui m'ont poursuivi pendant trois lieues, étant à pied, ne m'ont ni sabré ni fait prisonnier. Le bataillon de la Corrèze auquel je suis attaché a perdu cent cinq hommes et trois officiers et j'ai perdu un de mes chevaux, un caisson attelé de qua - tre chevaux et deux charretiers. Quelques jours après notre succès sur les Prussiens que nous repoussâmes pendant trois lieues, et notre prise du château de Stromberg, on cantonna le bataillon et moi dans le village le plus avancé, nommé Waldatyesheim, d'où je vous ai écrit ma dernière lettre. Le 26 mars les Prussiens, au nombre de dix-sept mille, vin- rent nous attaquer. Gomme le village étoit entouré de bois et de montagnes, on ignoroit qu'ils fussent en aussi grand nombre; car sans cela, n'étant que six cents hommes, nous nous serions retirés sous Kreuznach.La journée du 26 se passa en canonnade sans tués ni blessés. Le lendemain, il nous arriva un bataillon de grenadiers et deux régiments de cavalerie, ce qui portoit nos forces a deux mille quatre cents hommes, le tout commandé par le général Neuvingue. La canonnade recommença à 9 heures du matin sans succès. Nous pensions qu'ils n'étoient pas plus nombreux que nous et qu'ils vou - loient seulement nous inquiéter. Mais nous nous aperçûmes bientôt qu'ils vouloient nous entourer et faisoient filer des troupes sur notre flanc dans les bois. Alors nous fûmes obligés, pour ne pas être coupés, de diviser nos forces. Cinq compagnies du bataillon et mes