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170                   LA REVUE LYONNAISE
saisit incontinent sa plume et en quelques jours produisit cette
Sommaire explication de la Coustume dont j'ai parlé tout à
l'heure, destinée, dit-il, à mettre en lumière « l'entreprise la plus
louable » quel'on ait « vertueusement » tentée « pour la liberté de
la patrie »,
    Contre son habitude, Rubys se fait modeste dans la dédicace de
ce « mien petit labeur ». Il confesse qu'il s'est borné à « esbaucher
la matière » et qu'il « cède la lice » à ceux qui la voudront *« pa-
rachever ». Il s'attend, avoue-t-il, « selon le malheur de ce siè-
cle », à être fort moqué, voire même calomnié, car « les envieux et
les médisants sont plus propres à déchirer l'œuvre d'autrui qu'à
 l'imiter ou à la surpasser ». En ceci, il ne fait pas preuve de mala-
 dresse, et son humilité de bon goût, sinon de bon aloi, prédispose
 naturellement à l'indulgence. Il faut néanmoins convenir qu'il en a
 moins besoin pour cette œuvre hâtive que pour toute autre. Est-
 ce la cause qui l'inspire ou son audace instinctive qui le sert dans
 l'occasion? Il ne s'arrête pas à plaider les circonstances atténuan-
 tes, à démontrer, par exemple, que la réforme n'est pas allée
jusqu'où elle aurait pu aller, que, dans sa dernière rédaction,
 l'artiele ajouté sur la demande de la noblesse à la Coutume de Bour-
 gogne s'est borné à permettre au père de famille de faire un partage
 testamentaire entre ses enfants, en soumettant la validité du partage
 à une survie d'au moins vingt jours ; il n'invoque pas l'autorité des
 Coutumes voisines, comme celle du Bourbonnais, qui, tout en ad-
 mettant le principe de la réserve, avaient accordé à l'ascendant ce
 pouvoir; il dédaigne de faire remarquer que la nouvelle disposition
 aura pour effet de conserver aux familles leur opulence, en
 assurant à leur nom le lustre que donne la fortune. Il entre hardi -
 ment au vif de son sujet et, jetant par-dessus bord le vieux droit
 coutumier, dont il flétrit sans pitié la rigueur sur ce point, il re -
 vendique hautement pour le père de famille la liberté absolue de
 tester, cette liberté de droit naturel, dit-il, que la loi divine et que
 la loi humaine avaient autrefois consacrée, qui respecte mieux la
 justice, l'égalité elle-même que la réserve, car il est juste que cha-
 cun soit traité selon ses mérites, et que le père de famille puisse
 récompenser celui de ses enfants dont il a reçu le plus de services
 et dans le cœur duquel il a rencontré le plus de dévouement et de