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114                      LA REVUE LYONNAISE
 la police alla droit au « linge sale », où l'on trouva le fusil caché
 sous les draps, chemises et le reste. Sur ce, l'on demanda à Isidore
 s'il avait de la poudre. Lui, qui ne se démontait point, répondit que
 non, mais qu'à la vérité il avait encore une arme, et il conduisitles
 alguazils vers un placard à linge, qu'ils fouillèrent jusqu'à ce qu'ils
 eussent mis le nez sur une autre arme de jet, mais peu dangereuse,
 malgré sa forme pointue. Cette espièglerie, ajoutée à la détention
 d'armes prohibées, pouvait, en ce temps, coûter cher, et il y allait
 de la prison. Heureusement, des personnes influentes firent des dé-
 marches, et l'affaire fut étouffée.
    De même que les socialistes avaient leurs sociétés secrètes, de
 même, vers la fin de 1848, les réactionnaires avaient voulu se
 donner le luxe de la leur. Elle était connue sous le nom de la So-
 ciété des Amis de l'ordre1. On avait proposé à galère de s'y affi-
 lier. C'était un gros patapouf, assez court d'esprit, qui fut depuis
 frère de Saint-Jean de Dieu et qui est présentement capucin, que
 l'on chargea de porter l'antienne. Il tombait mal. Valère répondit
 qu'il ne voulait entendre à aucune société secrète, pas plus pour
 renverser une monarchie que pour renverser la République, comme
 ilne doutait pas qu'on n'eût en vue de le faire dans cette sotte paro-
 die des Voraces.
    A Lyon, la société des Amis de l'Ordre ne comptait rien de moins
que six mille adhérents. Elle avait pour chef le docteur Commar-
mond, conservateur des Antiques au Palais Saint-Pierre.
    11 va de soi qu'elle s'était fondée avec la connivence ou la com-
plicité du gouvernement, car les lois interdisaient formellement les
associations et, à plus forte raison, les associations armées. Lors-
qu'eutlieu l'émeute du 14 juin, l'autorité militaire fit prévenir la
Société et lui assigna pour rendez-vous l'hôpital militaire. Sur les
six mille , il en vint cinquante-neuf, dont Commarmond et
Laprade.
    Que faire de ce beau contingent ? On les envoya au poste de la
préfecture où on les versa dans le 56 e de ligne. Parmi eux, il y
avait un certain marquis de Meiffras, du Dauphiné, porteur d'un
si grahd nombre d'armes de tout genre, qu'on l'aurait confondu

  i Je crois que le titre exact élait Association fraternelle de l'Ordre.