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                      L E T T R E S DE V A L È R E                115
avec l'arsenal de Toulon. Il ronfla toute la nuit avec un vacarme
épouvantable.
   Ils ne furent, bien entendu, pas mis en ligne. On les utilisa pour
conduire au fort de la Vitriolerie les insurgés faits prisonniers par
la troupe. Laprade racontait que les prisonniers étaient très abattus,
et qu'il n'éprouva jamais d'émotion plus navrante que lorsque l'un
d'eux, à barbe grise, lui dit à voix basse : « Citoyen, est-ce qu'on
va nous fusiller ? »
   Laprade le rassura de son mieux, sans être beaucoup plus tran-
quille lui-même. Heureusement ce n'était pas encore le 2 décem-
bre. Les insurgés furent traduits devant les conseils de guerre.
   Le Censeur, rédigé avec une extrême prudence, passa en paix les
jours d'émeute. Tout était redevenu calme ; six mois s'étaient
écoulés ; les maisons éventrées de la Croix-Rousse étaient répa -
ré?s ; Lyon avait repris sa physionomie coutumière, lorsque le
11 décembre 1849, à six heures du soir, KaufFmann, Valère et
quelques autres personnes étaient dans le salon de la rédaction,
rue des Celestins. On apporta un pli : c'était la notification de la
suspension du Censeur. Suspension était un euphémisme, puis-^
qu'on était déterminé à ne jamais permettre que le journal reparût.
J'entends souvent les réactionnaires parler de la tyrannie de la
République, de son mépris des droits acquis



           Jean Buy. — La Revue de Lyon. ~ L'architecte Savoye.

   Comment n'être pas convaincu du peu de place qu'on tient ici-
bas, lorsque l'on pense à cet excellent Jean Buy, doué d'une
si rare intelligence, d'un cœur si dévoué, et qui, sans avoir jamais
participé à aucune fonction publique, sans avoir presque jamais
rien écrit, était l'âme d'un cercle nombreux d'amis distingués, où
l'on n'eût rien osé décider sans lui sur les choses de la politique,
de la philosophie ou de la littérature? Qui songe à lui maintenant
et il n'y a que six ans qu'il est mort !
   Les événements de 1848 ayant obligé Boitel à suspendre la
 publication de la Revue du Lyonnais, Buy imagina de la rem-
placer par une revue politique de plus petit format, qu'il nomma