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A6                    LA REVUE LYONNAISE
d'imagination? On pourrait d'autant mieux le croire qu'il a démon-
tré ex professo et sans ambages qu'il est' romancier à ses heures.
Mais on peut admettre également qu'il â été induit en erreur par
les brahmanes qui, à ce qu'il nous apprend, lui ont servi de pro-
fesseurs ou tout au moins de truchements.
    Cette face de la question nous amène à pousser notre exa-
men plus loin et à voir s'il était en état de contrôler ses maîtres
ou, en deux mots, s'il sait le sanscrit. A mon grand regret,
je suis obligé ici de m'inscrire en faux contre une de ses affir-
mations formelles. Si M. Jacolliot a jamais su cette langue, comme
il le prétend en nous parlant (Les Fils de Dieu, p. 225) du savant
brahme Tamasatchari, « qui fut, dit-il, notre professseur de sans-
crit », on doit avouer qu'il a fait tout ce qu'il fallait pour donner à
croire qu'il l'avait complètement oublié au moment où il rédigeait
ses ouvrages sur l'Inde. Un simple coup d'oeil jeté sur les deux
alphabets qui sont reproduits aux pages 28 et 29 des Fils de Dieu
 en fournit la preuve convaincante.
    Sans parler des irrégularités secondaires qu'on peut constater à
propos de la forme ou de la transcription de presque chaque c a r a c -
tère, dans l'alphabet qu'il désigne comme étant du nord, et qui
est tout bonnement l'alphabet devanâgari, entre autres erreurs il
donne comme o la diphthongue ai; quant à la voyelle o, elle-même,
elle est complètement omise sous sa forme devanâgarie. Pour les
consonnes, la lettre h est représentée par un signe de pure fantai-
sie; il indique comme lettre simple le groupe de consonnes ksh; la
lettre l est transcrite par e, etc.
   En ce qui concerne l'alphabet prétendu du sud, les erreurs de
forme et de transcription pullulent également; mais ce qu'il y a de
mieux, c'est que M. Jacolliot a l'air d'ignorer jusqu'au nom de
cet alphabet, qu'il affirme être inconnu des Européens, et sur l e -
quel repose pourtant d'après lui toute cette littérature du sud dont
il se dit le Christophe Colomb. Il l'appelle en effet « devanagueri »,
(lisez devanâgari), comme celui du nord, tandis qu'il est connu de
tous les savants, y compris les pandits de l'Inde, sous la dénomina-
tion d'alphabet grantha. Cet alphabet est d'origine plus récente
que le devanâgari proprement dit, et il est si peu inconnu en Eu-
rope que j'ai chez moi en ce moment un manuscrit sanscrit écrit