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              UNE      MYSTIFICATION SCIENTIFIQUE                                  47
en caractères granthas, qui m'a été confié par YAsiatic Society
de Londres et dont j'ai tiré déjà deux publications '.
   Un autre critérium, d'après lequel on peut juger si M. Jacolliot
sait ou 'non le sanscrit, consiste à voir s'il reproduit et traduit
d'une manière exacte les nombreux vocables qu'il donne comme
appartenant à cet idiome. Hélas ! à chaque page ou presque à cha-
que page de ses ouvrages, nous trouvons la preuve écrite et four-
nie par lui qu'il a absolument oublié la langue qui lui a été apprise
autrefois par « le brahmane ïamasatchari ». Un exemple entre
mille : les trois quarts des mots prétendus sanscrits, qu'il cite dans
Les fils de Dieu (page 9), en les comparant à des expressions du
dialecte mahori, sont, ou dénaturés, ou complètement étrangers au
vocabulaire de la langue sanscrite. Aucun indianiste, j'en suis sûr,
ne m'accusera d'exagération si je dis que, neuf fois sur dix, le
sanscrit de M. Jacolliot est du sanscrit comme le latin de Sganarelle
dans le Médecin malgré lui appartient à la langue de Cicéron 2 .
   Jusqu'ici deux points essentiels sont acquis : 1° pas de littérature
du sud notablement différente de celle du nord; 2° M. Jacolliot a
perdu la notion du sanscrit. Nous pourrions nous en tenir là au point
de vue du quod démons trandum, à savoir, que ses ouvrages sur
l'Indeancienne ne nous apportent rien de nouveau dans ce qu'ils
ont de sérieux ou rien de sérieux dans ce qu'ils ont de nouveau.
Je pousserai néanmoins un peu plus loin mon travail en ajoutant
quelques remarques sur le système chronologique et astronomique
dont il part pour donner à la civilisation de l'Inde quinze ou vingt
mille ans d'existence, et sur certaines légendes qu'il invoque pour

   1
     Le dix-septième chapitre du Bhâra,tiya-nàtya~çdstra et la Métrique de
Iiharala, publiés dans les Annales du musée Guimet.
   2
     Jene veux pas dire pourtant que M. Jacolliot ait tiré de son imagination des mot a
comme ariva, qu'il donne pour sanscrit avec le sens de faible, débile, et mille autres
qui ne figurent, et pour cause, dans aucun dictionnaire; mais il est probable que les
brahmanes qu'il a consultés ne connaissaient que le tamoul et lui ont présenté comme
sanscrites des expressions tamoules dont, le plus souvent, il a mal saisi ou mal
transcrit la prononciation. C'est en tout cas, la raison la plus bienveillante qu'il me
soit possible de fournir pour expliquer les citations constantes qu'on rencontre dans
ses ouvrages de mots présentés comme sanscrits sans qu'on puisse voir pourquoi.
   Quant aux passages traduits, ils sont empruntés aux traducteurs français et anglais,
en ce qui regarde les Lois de Manou et les autres ouvrages qui ont été interpré-
tés par des savants d'Europe. Le reste vient sans doute d'ouvrages tamouls que les
brahmanes lui ont expliqués.