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m                       LA REVUE LYONNAISE
dentés qu'il n'est guère permis de perdre son temps à les réfuter, et
d'ajouter, qu'au surplus, je doutais, qu'avant comme après le Voyage
au pays des Bayadères, M. Jacolliot eût voulu faire autre chose
que des romans. Or exige-t-on des historiens qu'ils démontrent de
point en point comme quoi Waverley ou la Darne de Montsoreau
ne sont pas précisément des œuvres historiques ? Efforts inutiles :
les gens très polis changeaient alors de conversation d'un air qui
ne permettait pas de douter que je ne les avais pas convaincus,
tandis que les autres ne se gênaient guère pour me laisser entendre
que, si je ne me risquais pas contre M. Jacolliot sur le terrain scien-
tifique, c'est qu'il en savait plus que moi et que tous les indianistes
officiels et de cabinet, traités du reste par lui de la belle façon
dans une demi-douzaine d'in-octavos.
   L'insinuation me touchait peu; mais ce qui me piquait davan-
tage, c'était de voir avec quelle facilité les théories les plus fausses
débitées avec aplomb, quand il s'agit de matières un peu spé-
ciales, sont de nature à agir même sur le public intelligent et lettré.
Agacé d'ailleurs d'avoir sans cesse à répondre aux mêmes ques-
tions avec le même insuccès, je me laissai dernièrement arracher
la promesse d'essayer de montrer à l'aide d'arguments de dé-
tail comme quoi M. Jacolliot s'est laissé mystifier par les
brahmanes, ou s'est amusé lui-même à mystifier ses compatriotes.
    C'est cet engagementque je viens remplir aujourd'hui, en aver-
tissant toutefois mes lecteurs qu'il est bien entendu que ma c r i -
tique est uniquement à leur adresse. Je veux dire que, n'ayant pas
l'intention de m'exposer à faire rire M. Jacolliot à mes dépens
en lui laissant croire que je l'ai pris au sérieux, c'est pour la
seule édification de la galerie que j'entre en lice, et nullement
dans le désir de vaincre un adversaire qui s'est du reste p r u -
demment dérobé d'avance en récusant en masse les indianistes
d'Europe.
    Les ouvrages que M. Jacolliot a consacrés à l'Inde ancienne sont
nombreux. Ily a : La Bible dans l'Inde, Les Fils de Dieu, Christna
et le Christ, et beaucoup d'autres encore. Heureusement, en ce qui
les concerne, la tâche du critique est en réalité moins lourde qu'elle
ne le semble d'abord. Par un procédé qui est en effet de nature à
abréger la besogne de celui-ci, comme elle a dans le principe abré-