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40                       LA R E V U E    LYONNAISE

pot des marbres ' provenant des monuments abattus, mais je n'ai
pu trouver aucun document précis sur ce dépôt ni sur les marbres
qu'on y avait transportés.
   L'horrible tempête de 1793 n'eut heureusement qu'un temps.
La France se souvint enfin que Dieu, qu'elle avait chassé de ses
temples, existait encore, et elle lui en rouvrit les portes. Mais ce qui
restait de nos anciennes églises n'était, pour ainsi dire, qu'une
ruine. Saint-Jean, quoique devenu le temple de la Raison et bien
que les théophilanthropes y brûlassent l'encens au pied de sa statue
placée sur une montagne en carton, dessinée et exécutée par Hen-
nequin et Chinard, n'avait été l'objet d'aucun entretien. Les eaux
pluviales s'infiltraient par toutes les voûtes comme par les fenêtres,
veuves de la plupart de leurs anciennes verrières. De grands tra-
 vaux de réparations dont je parlerai plus loin, durent dès lors y
 être entrepris, quoique la caisse municipale fût vide ; en même
 temps, on s'occupa à refaire le mobilier du monument entièrement
 brisé par la Révolution. Quant aux stalles à replacer dans le choeur,.
 une circonstance fortuite permit d'en retrouver tout à coup une
 quantité très considérable et dont le propriétaire était fort embar-
 rassé. Ces stalles étaient celles de l'ancienne et splendide église
 abbatiale de Cluny, vendue comme bien national et en partie dé-
 truite déjà. Qui n'a pas entendu parler de cette basilique, la plus
 vaste de la chrétienté et parcouru les rues si pittoresques de la ville
 où se rencontrent encore tant de spécimens remarquables de l'ar-
 chitecture civile du xi« siècle ?
                                                  LÉOPOLD NlEPGE.

            (A suivre.)

   1
     Dans ce dépôt se trouvaient aussi des marbres destinés au monument que la maison
de Bouillon se proposait d'ériger dans l'église abbatiale de Gluny à la mémoire de
Frédéric-Maurice de la Tour d'Auvergne et de sa femme Léonie de Berg. Mais on
sait que Louis XIV interdit l'érection de ce monument ; les statues seules arrivèrent
à Cluny où elles se trouvaient encore dans leurs caisses au moment de la Révolution.
l.enoir et Sauvé furent envoyés par le gouvernement pour empêcher leur destruction.
Quant aux marbres qui étaient à Lyon, la ville demanda à les utiliser.]