page suivante »
— 446 — syndics des Etats du Dauphiné condamnés aux dépens se montant à 10.000 livres envers le roi et à pareille somme envers l'accusé. Bien que « sa modération après cette victoire lui ait fait de ses ennemis autant d'admirateurs », Claude de Bellièvre résigna ses fonctions quelques années après, en 1549, en faveur de son fils aîné Jean. Puis il rentra à Lyon où il fut nommé échevin honoraire et perpétuel, séjourna quelque temps à Paris en 1550, voyagea en Italie, et revint dans sa ville natale où il devait finir ses jours le 2 octobre 1557, au milieu de ses collections, de ses livres et de ses beaux manuscrits qu'il étudia avec passion jusqu'à sa mort. Il fut inhumé à Saint-Pierre-le-Vieux1. De la bibliothèque de Claude de Bellièvre, nous connaissons l'inven- taire. C'est un ensemble de livres d'érudition et de travail, sans grand souci d'art et de bibliophilie3. Mais nous avons quelques indications sur ses collections de médailles et d'antiquités, réunies dans sa maison, au pied du Gourguillon, qu'il a décrite dans le Lugdunum priscum, sous le titre Nostrce cèdes Lugduniz. C'est un petit morceau charmant de très bon latin, dont voici la traduction : « Notre maison est située au confluent de la Saône et du Rhône. Au pied de cette colline sur laquelle Munatius Plancus, disciple de Cicéron, amena une colonie romaine. A cet endroit sort de terre une source utile et agréable d'eau très pure, elle vient du sommet de la colline 4. A la maison il y a un puits, dont l'eau est tiède pendant l'hiver et glacée, beau- coup plus qu'on ne peut le croire, à l'époque des moissons. L'eau abondante n'a jamais manqué même pendant la sécheresse et coule toujours limpide et pure du rocher même. Il est aussi assez avantageux pour nous que la plu- part des gens qui viennent de la campagne pour se rendre aux différents marchés de la ville passent devant le seuil de notre maison. Nous avons la vue sur quatre chemins, et, ce qui est surtout appréciable, c'est que la partie intérieure de notre maison, regardant le soleil levant, jouit d'un silence que rien ne vient troubler et dont j'apprécie beaucoup la douceur, car je crains 1. Son épitaphe est au musée lapidaire. 2. Bïbl. Nat., Inventaire de ses livres, fonds français, mss. 17.526, f. 8a. 3. Loc, cit., p. 78, édit. Monfalcon. 4. C'est la fontaine du Gourguillon.