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nale, les droites en ces termes : « Si vous étiez des hommes politiques, au
lieu de repousser la main qui vous était tendue, au lieu de traiter d'énergu-
mènes, au lieu de traiter d'une façon qui ne prouve que votre ignorance et
votre aveuglement... ». A ces mots, la droite se dressa indignée et le prési-
dent, M. Buffet, intervint : « J'invite l'orateur à expliquer sa pensée ». Elle
était évidemment trop claire. Gambetta alors de commenter : « Messieurs,
je supplie l'assemblée de croire que, quand j'ai parlé d'ignorance, je n'adres-
sais pas une injure et ne voulais pas porter atteinte à l'intelligence indivi-
duelle de ses membres ».
Plusieurs membres à gauche. — « C'est évident ».
Gambetta. — « J'ai voulu dire que vous êtes entretenus par vos sophis-
tes et vos écrivains habituels dans l'ignorance des hommes, des idées et des
doctrines de la démocratie française ». — « C'est cela, très bien et applau-
dissements à gauche ». — « J'ai voulu dire ensuite que c'est cette ignorance
qui est la cause de vos fautes politiques... ». L'incident fut ainsi apaisé.
Le rôle du président en des cas identiques est fort délicat. En vain
parfois fait-il la sourde oreille. Il est rappelé à l'attention par les réclama-
tions de l'assemblée. Dans le compte rendu de la séance du 19 juin 1850, je
lis : « Plusieurs voix. — On a prononcé le mot de mensonge. Cris : A l'ordre !
à l'ordre ! ». Le président s'en tire par cette phrase lapidaire : « On me dit
qu'on a prononcé le mot de mensonge. Je ne veux pas le croire pour l'hon-
neur de l'assemblée et pour l'honneur de celui qui l'a prononcé ».
Enfin voici notre proposition de loi votée point par point et dans l'en-
semble. Depuis sa réunion, la Chambre actuelle a adopté plus de 1.000 pro-
jets ou propositions. Pour mener cela à bien, outre les 3.000 séances de
commission dont j'ai parlé tout à l'heure, elle a tenu, cette session non
comprise, 529 séances publiques qui, en tout, ont duré 1.971 heures, et
chaque député a été amené à mettre 626 fois un bulletin dans l'urne. Il est
vrai de dire qu'il faut défalquer le temps pris par les interpellations qui ont
été discutées, sur les 552 qui ont été déposées. La proposition votée part
pour le Sénat. Là , elle sera imprimée, distribuée, renvoyée devant la com-
mission compétente, pourvue d'un rapporteur qui la dotera d'un rapport.
Celui-ci imprimé et distribué sera mis à l'ordre du jour, adopté sans débats
ou discuté en séance publique tout comme à la Chambre.