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— 85 — galerie s'ouvre, à l'ouest, sur un nouveau jardin d'environ 25 mètres d'étendue, avec quatre petites guérites aux angles. Un rapport établi, en 1836, par le Voyer de la Ville, avec plan à l'appui, montre que le pavillon Girard occupe alors, sur le Pré de Bellecour, un espace de 64 mètres de long, au lieu des 16 mètresqu'il devait avoir à l'origine, sans parler des kiosques établis sous les tilleuls — d'amusantes maisonnettes carrées, de 5 pieds, coiffées de toits relevés à la chinoise auxquels pendaient des clochettes, et peintes, sur fond vert, d'un treillage de couleur jaune. Dans l'espoir de recouvrer les frais considérables de ces divers aménagements, les Girard entreprenaient, dès 1837, auprès de la municipalité, de pressantes démar- ches pour obtenir que leur bail, expirant en 1840, fut dès à présent prolongé et qu'on y adjoignit la ferme des chaises. M m e Girard faisait intervenir, dans ce but, deux présidents à la Cour royale, M. Vincent Reyre et le marquis de Belbœuf. Ce dernier, de sa maison de Champvert, la recommandait par lettre au maire de Lyon, comme « digne d'intérêt ». En sollicitant par écrit l'attribution de la ferme des chaises, Girard se faisait un titre de la « vaste et élégante galerie » qu'il venait d'édifier ; il promettait d'y servir « des raffraîchissements choisis », « une chaire exquise » (sic), et d'y organiser « des concerts Musard montés sur une vaste échelle ». Si l'on ne tenait pas compte de sa demande, « le café (disait-il) descendrait bientôt à l'état de guinguette ». Il obtint gain de cause, et son bail fut renouvelé le 17 août 1837, pour une durée de neuf ans à partir du i e r janvier 1839. Moyennant un loyer de 5.505 francs, il aurait, avec le pavillon, la ferme des chaises et des kiosques. ta Les guides et les journaux de Lyon vantaient à l'envi les délices du pavillon Girard. Le Guide pittoresque de l'étranger à Lyon, édition de 1836, décrit ainsi « le café que vient d'élever M. Girard dans un des carrés de verdure de la place Bellecour » : « Ce café, qui a la forme d'une tente élégante, est décoré avec goût, le service y est fait par de nombreux garçons ayant un costume uniforme. On y sert des déjeuners à la fourchette, au chocolat et au café. Le soir, la bonne société peut s'y réunir pour respi- rer le frais, prendre des glaces, des sorbets, de la bière et y entendre de la musique. Les abords du café sont illuminés au gaz... Tout près du café sont placés des kiosques destinés à des cabinets de lecture pour les journaux, à l'instar de ceux qu'on voit à Paris, au Palais-Royal ». La presse fait chorus. Le Fanal du Commerce (27 janvier 1837) loue « les innova- tions à la fois fashionables et artistiques » du cafetier Girard ». On voit chez lui « les jeunes et jolies femmes à qui la morale défend le théâtre » (15 décembre). La Fronde constate que, grâce au pavillon Girard, « la promenade des Tilleuls est à la mode » (15 avril 1837).