Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
                                                  — 82 —
      Le 9 mai 1829, Adrien-Alfred Granier, rentier à Lyon, rue de la Paix, 1, obtint,
 moyennant un loyer annuel de 1.200 francs, le droit de construire, « en planches et en
 mortier bâtard », un pavillon de même forme et de mêmes dimensions que le Corps de
 garde — soit 15 mètres 50 de long sur 8 mètres 68 de large et 5 mètres 10 de haut — et
 de percevoir, sur les promeneurs, une taxe uniforme de 5 centimes pour la location
 d'une chaise, d'un journal ou l'usage d'un de ces édicules qu'on appelait alors des
 « inodores ». L'adjudicataire pourrait aussi faire placer, sous les Tilleuls, quatre
 « bancs » ou étalages mobiles pour la vente aux enfants de gâteaux, fruits et rafraîchis-
 sements. Le cahiers des charges l'obligeait à éclairer les quatre angles extérieurs du
 futur pavillon au moyen de « réflecteurs », tous les soirs, depuis la chute du jour
 jusqu'à dix heures du soir, du I e r mars au 15 octobre.
      On commença en mai la construction du pavillon ; au milieu d'août 1829 il était
 achevé et l'adjudicataire y installait comme sous-locataire le limonadier Girard.




      Ce dernier — Claude-François-Xavier Girard, né à Ménétru (Jura), le 6 août
 1790 — avait épousé à Mâcon, le i e r septembre 1819, la future reine des Tilleuls, née
à Mâcon le 14 août 1797 et déclarée à l'état-civil sous le nom de Françoise Valnois (ou
Valnoys). « La belle madame Girard » s'appelait en réalité Françoise Machiorletto 3.
Elle était la fille de Michel-Antoine Machiorletto, né à Turin en 1767, et de Marie
Bordât.
      Elle avait été élevée, disait-elle, par une tante, très royaliste et très pieuse, et, en
fait, elle avait dû produire, au moment de son mariage, un acte de notoriété établis-
sant que ses parents étaient « absents » depuis environ vingt ans. En 1825, après une
disparition de 26 ans, son père, qui avait fait les campagnes de l'Empire, reparut tout
à coup ; il était alors « capitaine titulaire » aux Invalides, et amputé.
      Le ménage Girard avait eu d'abord, à Mâcon, trois enfants, de 1820 à 1824. Le
père, que l'état-civil qualifiait, en 1820 ,« homme de confiance », exerçait ,en 1822, la
profession de limonadier. En 1824 ou 1825, les Girard vinrent s'établir à Lyon où ils
acquirent ou créèrent le café d'Italie, qui fut, plus tard, le café de la Jeune France. Ce
café était au n° 26 du Port-Saint-Clair, où les Girard occupaient cinq pièces au rez-de-
chaussée ; en 1825, les recenseurs domicilient à cette adresse, avec le père et la mère,
un enfant, une domestique, trois ouvriers et « un individu faisant partie de la famille »
qui doit être la mère du limonadier 4. C'est dans ce logis que vint au monde, le 4 avril
1828, une fille — le quatrième enfant des Girard ; le cinquième et le sixième naquirent
plus tard, rue Boissac, 7, le 8 septembre 1831 et le 22 septembre 1835 5.

     3. Et non Machioletty ou Marchiolety.
     4. L'appartement de la rue Boissac (v. plus bas), est habité en 1831-1832 par la « Vve Girard, cafetière ».
      5. Voir les naissances, à Mâcon, de Françoise-Julie (8 juillet 1820), Alexandre (12 février 1822),
François (12 août 1824)'>à Lyon, de Louise-Françoise (4 avril 1828), Jean (8 septembre 1831), Henri
(22 septembre 1835).