Revue du Lyonnais » série 6 - n°7 ( 1922 ) » pp.050

                                                  — 50 —
 son veuvage, la favorite de SalambackiT. Elle y menait une existence soli-
 taire, au milieu de richesses inestimables. Philanthropène tenait à s'emparer
 de cette forteresse, pour assurer à Byzance la possession de Milet. Mais il
lui était malaisé de l'emporter d'assaut. Marié depuis peu, Philanthropène
était jeune et bel homme. Il tenta de gagner les faveurs de la princesse
turque. Il lui fit offrir, secrètement, le mariage, si elle consentait à lui livrer
la forteresse. Mais ce fut en vain. La princesse répondit qu'elle défendrait
l'île jusqu'au dernier homme. Piqué au vif, Philanthropène entreprit alors
le siège et réussit à enlever la place. Que fit-il de la princesse ? L'histoire ne
le dit pas. Mais il s'empara d'un riche butin et le partagea entre ses soldats.
      La nouvelle de cette victoire remplit d'allégresse la capitale. Depuis sa
prise de commandement, Philanthropène avait, du reste, habitué Byzance à
des succès nombreux et éclatants. Le butin affluait à Constantinople : or,
argent, métaux de toute valeur venaient remplir les coffres du Trésor. De
plus, Philanthropène faisait parvenir à la capitale des vivres en quantité « le
plus agréable cadeau qui fût alors »3, car des guerres incessantes ravageaient
les deux continents et rendaient difficile l'approvisionnement de la ville ;
enfin, il y envoyait des convois immenses de prisonniers, accompagnés
d'animaux de toute sorte, et, surtout, de chameaux, « si rares à cette
époque » 3 dans l'empire.
      Aussi, le nom de Philanthropène était-il sur toutes les lèvres. L'empe-
reur lui-même se faisait le héraut de ses succès. Et n'était-ce pas là « la
récompense la plus précieuse pour un général? » 4. Il était l'amant de la
Victoire (Nikitikotatos) 5, car il n'avait qu'à paraître pour être aussitôt
suivi d'elle. Il méritait vraiment le surnom d'Achille vainqueur 6.


                                                      m
    Ainsi Philanthropène était, vers la fin de 1295, l'un des hommes les
plus populaires de l'empire. Il était également très puissant, car, en diplo-


   i.Pachym, Id.— 2. M.Plan., let, 117. — 3. Id., let. 78.
   4. Id., let. 118. — 5. Id., let. 78. — 6. M. Plan., let. 98.