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     Philanthropène, assurément, profita de l'expérience et du crédit de ses
aïeux, mais ce furent surtout ses qualités et sa science qui lui ménagèrent
rapidement la faveur d'Andronic II. Aussi, quoique jeune, le basileus le
nomma-t-il, vers 1294, au commandement en chef des troupes d'Asie
Mineure. Sa nomination n'alla pas, du reste, sans difficultés. Les généraux
de valeur ne manquaient pas à Byzance. Ils intriguèrent ; mais Andronic se
décida pour Philanthropène, « car sa réputation le désignait comme étant
seul capable de sauver l'Asie qui s'écroulait »x.
     Philanthropène partit donc prendre possession de son poste. Il était
accompagné du protovestiarite 2 Livadaire, général âgé, mais de grande
expérience, chargé d'administrer la région des villes d'Ionie et celle de
Neocastra 3.
                                                   m

      Dès son arrivée en Asie Mineure, Philanthropène engagea la lutte
contre les Turcs. Ces derniers, ne rencontrant plus de résistance, venaient
de franchir le Méandre et en ravageaient la rive gauche. Philanthropène
avait sous ses ordres les troupes les mieux aguerries de l'empire, et, en
particulier, une excellente cavalerie formée de Cretois. Il attaqua vigoureu-
sement les Turcs, leur infligea de sanglants échecs et réussit à les maintenir
sur la ligne du Méandre. Il parvint même à sauver Milet, importante ville
fortifiée, à l'embouchure de cette rivière. Ce dernier succès contribua beau-
coup à établir sa réputation et le révéla diplomate aussi fin que général
habile 4.
      Il y avait, en avant de Milet, une forteresse appelée la forteresse des
Deux Collines. Elle s'élevait, dans une île et était entourée de murailles
dominant la mer. C'était un ancien monastère, conquis récemment par les
Turcs, qui l'avaient transformé en forteresse et mettaient à l'abri de ses mu-
railles les femmes et les enfants des familles nobles. Y vivait alors, depuis

    r. M. Plan., let. 118
    3. Chef des vestiarites, chargé d'apporter les vêtements du basileus au moment où il les met et de les
emporter quand il se déshabille.
    3. Pachym, Id., III, 9.
    4. Pachym, Id. — N. Grég., VI, 8.
    Rev. Lyon.                                                                                      4