page suivante »
— 10 — Cette influence, dont nous indiquons brièvement les étapes, l'évêque de Genève l'exerça sur toutes les classes de la société. Dans la Vie Dévote, il montre — et c'est une idée vraiment neuve — que chacun peut se sanctifier, quel que soit son rang dans le monde, et il en expose les moyens dans une langue qui est celle de la bonne société et avec une apparente modération qui est tout autre chose que la mièvrerie et même que la douceur. Quant à son Théotime, il reste le plus beau traité de mystique de notre littérature. La Visitation, avec ses trois monastères, va perpétuer ici la tradition salésienne, la garde du cœur de leur fondateur sera comme un symbole de cette action. Comment ne point se souvenir que c'est dans le parloir du couvent de Bellecour qu'eut lieu le dernier entretien de l'évêque avec la baronne de Chantai, scène mélancolique et grandiose que nous a conservée un noble récit de la mère de Chaugy. Autour de la Visitation, les autres couvents sont innombrables. Le consulat ne fait point trop de difficultés pour accorder les autorisations nécessaires, et les richesses d'art s'accumulent dans ces églises ou ces cha- pelles que font construire les nouvelles communautés. Aux Carmélites, qu'a conduites à Lyon l'exquise Mère Madeleine de Saint-Joseph, un somptueux sanctuaire sert de monument à l'orgueil des Villeroy qui y sont enterrés à titre de fondateurs. C'est une forézienne, Jeanne de Matel, qui fonde l'ordre des religieuses du Verbe-Incarné. Parmi les ordres enseignants fleurissent les Ursulines et un peu plus tard Charles Démia organise les petites écoles sous la direction des Dames de Saint-Charles. A côté de ces branches nouvelles, ne convient-il point de signaler la poussée de sève qui fait reverdir les vieux ordres ? Des abbesses énergiques restaurent la disci- pline monastique, à Saint-Pierre, à Chazeaux, à la Déserte. De la part des ordres d'hommes voués à l'apostolat, même activité. Les Jésuites semblent avoir été plus influents. Ils ont presque le monopole de l'instruction de la jeunesse qu'ils forment aux disciplines classiques. Le Père Ménestrier nous représente bien ces régents de collèges. Toutefois, ce n'est là qu'un des aspects de leur action, ils prêchent beaucoup, dirigent des congrégations, sont directeurs d'âmes surtout. Les prêtres de Saint-Sulpice travaillent avec les Oratoriens et les José- phistes à la réforme du clergé séculier, tandis que les autres ordres : cèles-