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tins, dominicains, cordeliers, capucins, exercent leur apostolat dans la foule
et desservent des sanctuaires très aimés des petites gens.
      Je passe, ces traits très 'sobres, extrêmement incomplets, montrent
simplement la part immense des ordres religieux dans la vie de la société, à
Lyon en particulier, où bien des familles ont plusieurs de leurs membres
dans l'Eglise. Je ne dis rien du clergé des paroisses et de l'administration du
diocèse, et cependant que de traits à glaner dans les seuls procès-verbaux
des visites canoniques !
      Les fidèles, eux, se groupent dans de multiples confréries. Le long des
nefs de nos sanctuaires s'élèvent peu à peu de nombreuses chapelles plus
ou moins richement décorées. Il y a celles que les diverses corporations
entretiennent en l'honneur de leur patron et dans lesquelles, aux jours de
fêtes, les membres se réunissent. Les pénitents ont les leurs aussi, pénitents
de toute couleur qui cachent sous leur cagoule les plus hautes personnalités
de la ville : ils suivent les processions ou conduisent sur l'échafaud ceux
qu'y fait monter la justice humaine. Après l'exécution, ils iront recueillir le
cadavre sur le gibet pour l'ensevelir dans leur caveau. D'anciens pèlerins de
Lorette ou de Saint-Jacques de Compostelle, rapprochés par les souvenirs
communs de l'ancien voyage, aiment à se retrouver autour d'un autel qui
leur rappelle de si chères émotions. Les nations étrangères se donnent, elles
aussi, par le choix d'une église où les compatriotes prient ensemble, comme
une illusion de la patrie lointaine. Ce même spectacle, bien d'autres villes de
France, à cette même époque, pourraient nous l'offrir aussi. Mais alors,
pour saisir ce qui se cache dans les âmes et tenter d'analyser ce qui constitue
comme le bouquet, comme le goût du terroir, cet indéfinissable sérieux,
qui n'est point la tristesse, il faudrait pouvoir parcourir nos « livres de
raison », relire certaines correspondances, certains testaments ou actes de
fondations ; pouvoir contempler à loisir certains bibelots comme ces cu-
rieux tableaux de mariages ; il faudrait compter les madones qui ornent les
rues et le coin des maisons et ressusciter, rêve impossible, la physionomie
propre des plus populaires de nos sanctuaires : Notre-Dame de Four-
vière, Notre-Dame de Confort, Notre-Dame de Béchevelin, Notre-Dame
de Toutes-Grâces ou Notre-Dame de Pitié aux Augustins de la Croix-
Rousse.